samedi 8 avril 2023

Nos lectures d'Avril 2023

Présents :  Chantal D., Roger, Claudie, Bernadette, Jeannine, Marie-Madeleine, Françoise, Jacques, Daniel, Isabelle.

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Jeannine : Une farouche liberté d’ Annick Cojean et Gisèle Halimi . Née en Tunisie, Gisèle Halimi n'accepte pas sa condition de fille qui réserve les études aux garçons. Ayant d'excellents résultats scolaires, elle obtient une bourse pour faire des études d'avocat. Dans la tradition séfarade, on l'aurait mariée. Pendant les guerres d'indépendance de Tunisie et d'Algérie, elle défend les nationalistes et obtient l'acquitement de plusieurs accusés. Djamila Boupacha avait été torturée et violée. Massu justifiait la torture. Simone de Beauvoir dénonce ces événements. Dans un article du Monde, auprès des autorités politiques, philosophiques, religieuses, elle demande justice. Djamila est amnistiée. En 1978, à Aix en Provence, c'est le procès du viol de deux jeunes touristes belges. En 1980 une loi inclura toutes les agressions sexuelles. Le 5 avril 1971, le Nouvel Observateur publie le «manifeste des 343 salopes» et demande la suppression de la loi répressive sur l'avortement. En 1972, Marie-Claire, une mineure violée s'était fait avorter. Le procès est gagné et le verdict fera la une de tous les quotidiens. Pendant 70 ans, Gisèle Halimi a alerté l'opinion et provoqué de grands débats de société pour défendre la cause des femmes.Texte de Jeannine
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Isabelle : Chinoises de Xinran. Histoire d'une femme née en 1958, pendant la révolution culturelle, dans une famille bourgeoise et élevée dans les camps. Journaliste chinoise, elle animera une émission radiophonique dans laquelle les femmes sont libres de s'exprimer. C'est le témoignage des maltraitances subies, de la pauvreté et de l'insoutenable mort des enfants. Elles y dévoilent leur intimité. C'est intéressant sur la description de la société chinoise même s'il s'agit d'une période passée. De ces témoignages, l'auteure en a fait une histoire complète.

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Bernadette : Des lendemains qui chantent d’ Alexia Stresi. Ce jeune ténor, né en Italie, orphelin de sa mère décédée en couches, a un voix en or. Une de ces voix comme il n'en existe que trois ou quatre par siècle. Nous sommes en 1935, à Paris. La description sur la manière de chanter donne envie d'écouter de l'opéra. C'est romanesque avec de la violence au début mais «sa voix va l'emporter dans la vie». Le ténor n'a pas que de la voix, il lui faut aussi être imprégné par le rôle. C'est «très, très fort».
Coup de cœur

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Claudie : Room d’Emma Donoghue . A partir d'un fait divers, une étudiante séquestrée pendant 7 ans qui accouchera d'un garçon conçu avec le bourreau, l'auteur imagine le huis clos de cette femme et de son fils qui a 5 ans, enfermés dans une cabane de jardin construite par le ravisseur. Les journées éclairées par une seule lucarne défilent avec différentes activités et jeux, les objets sont personnifiés par l'enfant qui est le narrateur (monsieur tapis, madame commode, table, plante...) et c'est là que le merveilleux de la création apparaît, il y a pour l'enfant le dehors (abstrait), virtuellement renvoyé par la télévision, le ciel par la lucarne, l'Autre incarnant le mal, surgissant certains soirs pour apporter le manger et coucher avec sa mère, lui est alors enfermé dans un placard, ne le voit pas mais l'entend, et le dedans "la chambre " et cette relation fusionnelle avec sa mère qui tente de répondre à tous ses questionnements. Nous sommes alors littéralement bousculés par les mots et les questions de l'enfant, cherchant à nous identifier aux réponses de la mère tout en nous mettant à la place de l'enfant. L'évasion incroyable que la mère va imaginer nous projette tout à coup dans le dehors, avec toutes les règles, les conventions et la réalité du monde qui vont bouleverser le couple, le sidérer. L'accueil psychiatrique, l'environnement familial sont bienveillants mais décalés par rapport à eux, ils deviennent des stars... des victimes qu'il faut protéger, la folie est donc partout. L'enfermement "fœtal" accouche d'un enfermement dehors. Une séparation sera nécessaire pour renaître. Un roman difficile à s'approprier pour devenir inséparable... "Pourquoi c'est le Dehors qui a tout pour lui? Maintenant, à chaque fois que je pense à un truc comme des skis, des feux d'artifice ou des îles, des ascenseurs ou des yoyos, je dois me rappeler que c'est pour de vrai, qu'ils se rencontrent tous ensemble dans le monde du Dehors. Ça me fatigue la tête. Il y a des gens aussi, pompiers, maîtresses d'école, cambrioleurs, bébés, saints, footballeurs et plein d'autres sortes, ils existent tous en vrai dans le monde du Dehors. Mais pas moi, moi et maman, on est les seuls qui y sont pas. On existe quand même pour de vrai?"
Texte de Claudie
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Françoise : Dora Bruder de Patrick Modiano. Dora a fait une fugue, une de plus, du pensionnat catholique où ses parents juifs l'avaient placée. L'auteur habitait dans la même rue que la jeune fille. Il mène son enquête pour savoir ce qu'elle est devenue. En fait, Dora a été déportée à Auschwitz en même temps que ses parents. C'est un livre sur la mémoire des lieux et le lecteur est dans l'enquête, l'auteur y mêlant sa propre histoire juive.
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Marie-Madeleine : Vivre vite de Brigitte Giraud. Ce livre a reçu le prix Goncourt en 2022. Brigitte Giraud a perdu son mari dans un accident de moto le 22 juin 1999. Près de vingt ans après elle tente de comprendre comment cela a pu arriver. Dans des chapitres courts elle explore les «si» qui auraient pu éviter ce drame. C'est un récit oppressant qui nous parle à TOUTES et à TOUS. Qui n'a pas éprouvé de la culpabilité par rapport à la mort d'un proche ou d'une connaissance? Si je lui avais parlé? Si je l'avais appelé au téléphone? Si je n'avais pas été absent? C'est en arrêtant la litanie de ces petites musiques mortifères que l'on peut se reconstruire et reprendre le cours de sa vie. Bon roman, sensible et grave. Texte de Marie-Madeleine
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Daniel : Une machine comme moi de Ian Mac Ewan. Déjà présenté par Marie-Madeleine, ce livre donne lieu à une discussion sur les limites de l'intelligence artificielle. Entre autres réflexions: «l'humanoïde est un schéma bourré de connaissances», «l'humanoïde est-il capable de sentiments?» (?), «l'humanoïde renvoie à son créateur»...
*Disponible à la médiathèque
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Jacques : Souvenirs de la maison des fous de Paul Eluard. Fuyant avec sa femme l'occupant nazi Paul Éluard se réfugie dans un hôpital psychiatrique où les docteurs sont précurseurs de la psychothérapie institutionnelle. Ils accueillent les aliénés mais aussi les résistants blessés, les juifs pourchassés et des intellectuels menacés. Éluard va réaliser une dizaine de portraits de patientes. Celle pour qui «le jour pâle épouse sans plaisir les yeux vagues», celle qui hurlait «je suis la putain du seigneur», celle dont «l'innocence fait peur aux enfants», ou celle dont «le visage pourri par des flots de tristesse/comme un bois très précieux dans la forêt épaisse/donnait aux rats la fin de sa vieillesse». Publié en 1946, tiré à 786 exemplaires, avec les dessins de chacune réalisé par le futur gendre de l'auteur, ce recueil était devenu introuvable. Il renaît aujourd'hui aux éditions Seghers dont le fondateur, Pierre Seghers, résistant, fut l'ami d'Éluard. Poèmes enténébrés où des «femmes illuminées... chantent la mort sur des airs de la vie». Extraits de l'article «Humeur» de Jérôme Garcin dans l'OBS.
Coup de cœur
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Roger : L'ancien calendrier d'un amour d’Andeï Makine . Valdas est né en 1898 dans une famille aristocratique russe et connaît, en Crimée, une «lenteur agréablement provinciale». En 1991, dans un cimetière niçois, en surplomb de la mer, il raconte les pans de sa vie. L'année 1913 aura été sa rencontre avec Taïa, contrebandière, qui sera protectrice et lui fera connaître l'éveil sensuel. Ils se retrouverons, lui blessé, elle infirmière et leur passion sera dévorante, face à la guerre civile. Le souvenir de Taia le poursuivra toute sa vie d'exilé à Paris où il exercera plusieurs métiers pour survivre, échapper à la misère. Son amour aura vécu à l'époque de l'ancien calendrier de la dynastie impériale.

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Chantal : Parfois j'aimerais que ma vie ressemble à une comédie musicale de Taï-Marc Le Thanh . (Cet auteur prolifique, invité par la Médiathèque en mars 2023, concourt pour le prix Tapage avec un autre roman que celui-là). C'est un roman sur la vie d'un ado atteint de la maladie génétique de La Tourette. Ce syndrome se caractérise par des mouvements involontaires, soudains et intermittents ou des vocalisations (tics sonores). 2000 personnes en sont atteintes. L'auteur l'a écrit pour les ados à partir de 14 ans, mais aussi pour les adultes. Comment sublimer ce handicap? Le père et l'oncle du garçon sont très affecteux et l'accompagnent dans son projet de chanter, notamment. Il sera aidé à repartir lors de ses échecs. Il rencontrera une professeure ayant sublimé le même mal, à un moindre niveau. L'auteur nous emmène dans sa bataille pour réussir à chanter au concours de «Jeunes Talents», avec des aides de tous côtés. Cette expérience d'ado ayant un certain handicap est décrite avec son éveil à l'amour. Réalité et fiction se mèlent dans ce roman puissant.
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque

Chantal Doux rêveurs d'Isabelle Simler. Album pour enfants. Chef d'œuvre. Imagier, documentaire, recueil de poésies. Chaque séquence, sur une double page a une illustration magnifique avec un texte poétique court mais tellement beau et suggestif. Tous les animaux endormis rêvent dans un environnement splendide. Coup de cœur.