samedi 10 décembre 2022

Nos lectures de Décembre 2022

Présents : Chantal D., Marie-Madeleine, Roger, Claudie, ChantalJ., Françoise, Jeannine, Isabelle, Bernadette, Marie-Geneviève, Robert, Madeleine, Monique, Madeleine.

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Marie-Geneviève: Le consentement de Vanessa Springora. Une jeune femme, séduite par Gabriel Matznef, écrivain pédophile, raconte l'emprise qu'elle a vécue et le processus de ce qui lui est arrivé. Ce livre est une réponse à cet auteur qui se servait de ses  histoires avec  les jeunes filles pour construire ses romans. Il utilisait, notamment, les lettres de rupture qu'il recevait. Incapable d'émerger à cause de son vécu morcelé, elle prit la décision de prendre le chasseur à son propre piège en écrivant ce livre. Elle avait quatorze ans, il était gentil, bel homme et écrivain, et elle était en manque de père. Il l'a ensuite harcelée par des lettres pendant des années. Cet homme ne faisait pas mystère de ses relations, ses livres racontaient les faits dont il se glorifiait. L'époque était permissive sur ces actes dont la télévision, (Apostrophes). Il est à noter la complaisance de nombreux parents dans ces situations vécues par leurs enfants.
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Claudie: Betty de Tiffany Mac Daniel. Roman poétique et incantatoire écrit à la mémoire de la mère de l'auteure, Betty, la narratrice. Nous sommes dans les années 1961-1973, au moment de la guerre du Viet Nam. Un couple nomade, zonard, vivant de petits boulots s'installe dans une maison maudite. Betty est la sixième d'une fratrie de huit. Elle ressemble à son père, protecteur, qui est cherokee et elle se construit grâce lui. Elle est rejetée par sa mère, amérindienne, et les autres enfants. La société indienne paternelle est matrimoniale, au départ. Ce que vit Betty, malgré la noirceur de l'histoire, lui permet de se battre. Le récit n'est pas misérabiliste. C'est un roman initiatique. La mère y est glorifiée. Travail d'introspection. Texte simple et lumineux. Écriture cathartique. Le personnage féminin, d'une puissance incroyable, se tournera vers l'écriture.
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Jacques: Correspondance Maria Casares et Albert Camus. Jacques a eu une approche personnelle pour la lecture de cet échange épistolaire: il a pris la décision de ne lire que les lettres écrites par Maria Casares et pas dans l'ordre chronologique mais au hasard de l'ouverture de ce livre énorme. «... je vais dire, que de façon très anonyme, je vais prendre la place d'Albert Camus...».  Maria: «...Mon très cher seigneur...» Lettres passionnées et pas toujours très pudiques, selon Jacques qui nous lit un passage de la dernière lettre de Camus avant son accident mortel dont    «… je joins tous les soleils de mon cœur...» «… et que je rie en t'écrivant...»                                                    

*Disponible à la médiathèque                                                                                  

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Madeleine: Ultramarins de Mariette Navarro. Cette commandante de bateau est très compétente. Très rigoureuse, elle choisit ses marins. En pleine mer, l'équipage a une demande insolite, celle de se baigner! Accord contre toute procédure. Le bateau se déroute sur un lieu où il n'y a pas de passage et tout est éteint. La commandante va rester seule à bord et observer les hommes pendant cette baignade qui dure longtemps. Remonté à bord, chacun reprend sa place. Mais il y a un changement perceptible, le bateau prendrait-il son indépendance? Ce roman, inclassable, est à lire au second degré. Réflexions intéressantes sur les normes, la transgression, la liberté. Irréel et très poétique.

*Disponible à la médiathèque


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Bernadette: Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie. En 1971, pendant la révolution culturelle, deux amis -dont le narrateur- sont condamnés à une rééducation dans les montagnes chinoises. Ils sont considérés comme des intellectuels, le père de l'un est dentiste, la mère de l'autre poétesse. Ils «débarquent» dans une région où la vie est rude. Ils vont y rencontrer un jeune lui aussi en rééducation, avec un secret, sa valise de livres interdits. Le narrateur joue du violon, pour lui mais aussi pour les paysans dont ils partagent travaux. Le chef du village l'envoie voir un film afin de le raconter, au retour. Il lira des histoires à une tailleuse inculte. Ces populations ont un désir de culture dans les livres, enrichissants, porteurs d'optimisme et d'évasion. Écriture très poétique. 
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque

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Marie-Madeleine: S'adapter de Clara Dupont-Monod. Livre remarquable, touchant, sur l'arrivée d'un enfant handicapé dans une famille. Une façon de présenter le handicap. Vivre le choc pour les parents. Et quel suivi pour la fratrie. Plus tard on verra comment se sont construits l'ainée, la cadette et le petit dernier, arrivé des années après. Grand roman avec une écriture originale, sous la forme d'un conte. 
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Françoise: Un cheval entre dans un bar de David Grossman. Écrivain israélien. Dans la première partie du livre, Dovalé, humoriste cynique raconte des blagues lourdes, dérangeantes sur la Shoah, et des histoires salaces à un public qui en redemande. Puis il parle de ses parents et comment on lui a annoncé une mort, ce qui l'aura rendu cynique.         Il était dans un camp de vacances quand on l'a convoqué à Jérusalem pour un enterrement, il raconte au chauffeur de taxi qu'il est orphelin mais sans savoir de qui. En effet, il ne sait pas qui, de son père ou de sa mère, est décédé.    Arrivé, en voyant son père, il sait. Ce livre est une image de la société israélienne et de ses valeurs. 
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Chantal D.: Vers la violence de Blandine Rinkel. Née d'une deuxième union de son père, policier, la narratrice raconte leur relation. Elle décrit l'ambivalence de cet homme, tour à tour fantaisiste, racontant des histoires, et violent dans ses propos. Il a une imagination débordante mais il est craint. Violences verbales: elle a huit ans, il la terrorise «...Dis moi que tu as honte de ton père?... Réponds! Réponds!... Je t'interdis de venir à mon enterrement...» Sa mère ne sera jamais frappée, mais beaucoup insultée. À l'adolescence elle aura un échange avec une amie victime de violences chez elle. Elle se met à la danse avec des efforts physiques excessifs pour évacuer une violence lattente. Elle aura le côté pas stable de son père, une vie folle. Son compagnon va l'aider «à se poser». Son père aura un problème rénal nécessitant une greffe. Elle décidera de «ne pas donner» et qu'elle ira à ses obsèques!  Une interrogation de plus sur la construction personnelle en fonction de la vie familiale. 
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Isabelle: Loin-Confins de Marie-Sabine Roger. Quand elle était enfant, son père était fantasque, le «souverain déchu d'un empire». Elle était subjuguée par son côté poétique. Alors que la maman était terne, le papa était vu comme un être magique, alors  qu'il était malade, psychiquement.   Plus tard elle réalisera que le regard enfantin lui faisait croire à beaucoup de choses. Elle lui gardera de la tendresse et lui restera fidèle.
Coup de cœur

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Chantal J.: Je vais passer pour un vieux con de Philippe Delerm. Chantal nous lit plusieurs passages, dans toutes ces nouvelles  «...je vais relire Proust... une grande œuvre se définit par le manque...» «… les passionnés de la recherche se recrutent dans les milieux sociaux professionnels les plus divers...» «… lire Proust est un concept...»      «… cette inavouable honte de n'avoir pas manqué de lui...»

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Roger: L'île des Âmes de Piergiorgio Pulixi.  Nous sommes en Sardaigne, terre de rites sévères qui imprègnent très fortement la population. Des sacrifices humains sont offerts à des divinités pour s'assurer de bonnes conditions, les victimes étant nécessaires au bien commun. On assistera même à l'assassinat par son père, avec la pression du grand-père, d'un jeune homme se refusant à exécuter l'indicible. Le corps d'une jeune femme disparue est retrouvé. Elle a été torturée et il y a des signes de sacrifice, les mêmes  que ceux infligés à deux autres femmes plus de vingt ans auparavant, sans qu'on ait pu les identifier. Deux policières, «placardisées», vont participer à l'enquête. Bien campées, leurs relations sont parfois tendues. Leurs histoires respectives interfèrent dans le déroulé des événements, notamment avec le destin de santé effroyablement tragique de la fille de l'une d'elles. Un professeur d'université, spécialiste des rituels néfastes, collabore régulièrement avec la police. Il se retrouvera impliqué et nos enquêteuses brilleront dans cette affaire avec un interrogatoire mené subtilement. Les rebondissements seront au rendez-vous.
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque
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Robert: Le garçon qui voulait dormir de Aharon Appelfeld. Erwin a 17 ans lorsque, après la fin de la deuxième guerre mondiale, il se retrouve, après une longue errance depuis l’Ukraine jusqu’à Naples, avec un groupe de réfugiés juifs ayant survécu aux camps et autres ghettos. Il a tout perdu, parents et environnement de son enfance. Il émerge peu à peu du sommeil auquel il a recours pour oublier la situation et revivre sa vie disparue.

Il est enrôlé par un émissaire de l‘agence juive qui veut préparer les jeunes hommes à une nouvelle vie dans le futur état d’Israël. Il leur apprend l‘hébreu, les entraîne physiquement et mentalement. Le départ en Israël finit par se faire en déjouant la surveillance anglaise (la Palestine est sous mandat britannique). A leur arrivée les jeunes sont installés dans une ferme collective ou ils construisent des terrasses agricoles et vivent une vie collective. Déjà Erwin demande à son chef des journées pour dormir et retrouver l‘imaginaire de sa vie familiale d‘avant. Il est invité, comme tous ses compagnons, à changer son prénom initial pour un prénom juif. Moment difficile, dans son sommeil son père lui dit       “le nom c‘est l’âme”. Finalement il accepte et devient Aharon.

Vient la première guerre d’indépendance. Mobilisé, Aharon est blessé dès la première opération militaire. Paralysé des jambes il reste de longs mois dans une maison de repos, devant subir plusieurs opérations (huit au total) avant de recouvrer l‘usage de ses jambes.

Durant cette longue période d‘immobilisation forcée il renoue avec le sommeil et son passé. Il a le sentiment de trahir les siens en parlant une nouvelle langue (l‘allemand est sa langue maternelle), en renonçant à son pays d'origine et en changeant de prénom. Les conversations imaginaires avec ses parents durant ses périodes de sommeil, les différentes rencontres qu‘il fait dans la maison de repos vont l‘aider à faire ce passage d‘une vie à une autre. La clé est son choix de devenir écrivain, reprenant ainsi le désir de son père qui n’a jamais réussi à y arriver, ses écrits étant tous été refusés par les éditeurs.

Livre sur la mémoire et l’identité, sur ce qui nous constitue intimement, la perte du passé, les difficultés du changement, et ce, dans une époque radicale ou la volonté de construire un nouvel avenir a aussi comme effet de vouloir bannir le passé: le mode de vie de juifs en Europe.

Facile à lire avec des chapitres courts (2/3 pages) qui permettent de respirer dans une histoire parfois lourde. Le choix de l’artifice du sommeil pour nous faire vivre la vie d’avant et le réveil comme moment de décision conduit le lecteur. Inspirée par la vie de l‘auteur qui a lui même vécu la déportation, la mort de sa famille dans les camps, l‘errance à la fin de la guerre et cette arrivée difficile en Israël. Il a écrit un livre plus connu, «Histoire d‘une vie», qui est son autobiographie. Ecrit par Robert 
Coup de cœur
*Disponible à la médiathèque

Deux coups de cœur des bibliothécaires (albums pour les plus de 9 ans présentés par Chantal):

Murdo, le livre des rêves impossibles d'Alex Cousseau: Une petite merveille pleine de philosophie, d'humour et de tendresse.

Esther Andersen  de Timothée de Fombelle illustré par Irène Bonacina: De magnifiques aquarelles accompagnent une belle histoire pour parler des vacances et du premier amour.