mardi 28 janvier 2025

Nos lectures de Janvier 2025

Etaient présents  : Bernadette, Chantal D., Chantal J., Claudie, Daniel, Didier, Isabelle, Jacques, Madeleine, Roger

Prochaine rencontre : Samedi 8 février 2025

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Bernadette : Traverser les montagnes et venir naitre ici de Marie Pavlenko. Ed. Les Escales, 2024
Astrid décide de partir seule. Elle laisse toute sa vie matérielle derrière elle. Elle a quarante ans et vient de vivre un drame familial. Son mari et ses 2 enfants sont morts lors d'un accident de voiture. Elle est désespérée ; refuse de vivre entourée de tous ses souvenirs matériels. Elle achète une maison isolée dans un hameau en région montagneuse et sauvage du Mercantour. Elle emporte un carton marqué d'une croix rouge. Elle s'habitue petit à petit dans ce lieu rude ,et sympathise avec une voisine.
L'autrice nous embarque en parallèle sur les chemins enneigés, insécures, où souffrent Soraya (17 ans) et sa tante. Elles fuient leur pays, la Syrie, leur famille, leurs amis ; elles veulent rejoindre la France. Soraya porte dans son ventre le fruit d'un viol ; le parcours est jonché de souffrances ; la tante meurt de froid et de faim ; Soraya arrivera au hameau où habite Astrid.
Les 2 femmes vont se rencontrer « s'apprivoiser » ; partager leurs douleurs, leurs souvenirs... elles vont essayer de partager leur quotidien. L'enfant va naître chez Astrid. Quel sera son avenir ?
Ce roman est écrit avec douceur, malgré les souffrances qu'ont vécues ces 2 femmes. Marie Pavlenko est une poétesse ; elle commence toujours ses chapitres avec un extrait de poésie.
A la médiathèque
Coup de cœur 
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Chantal D. Madelaine avant l’aube de Sandrine Colette .Ed. JC Lattès, 2024 - Prix Goncourt des lycéens 2024
Le roman n'est pas situé dans le temps. Ce pourrait être un conte très noir. Sandrine Collette nous décrit la vie des paysans, le travail éprouvant, la lutte contre la faim, le froid et la pluie. Les famines sont terribles. On vit dans le malheur, la résignation. On craint le châtelain, propriétaire des terres, et surtout son fils, très violent. Dans ce hameau de quelques maisons, arrive une petite orpheline. On ne sait d'où elle vient. Elle est confiée à la vieille Rose puis à Ambre qui ne peut pas avoir d'enfant. On sent qu'elle va perturber la vie des familles par son refus de se résigner et ses colères face aux nombreuses injustices dans ce monde rural qui ne se révolte jamais. Elle sera aimée par les femmes, Ambre et Aélis, et par les enfants. Ce sera elle qui luttera contre le fils du châtelain, agressant régulièrement les femmes des hameaux. Elle le tuera, après un viol de plus, et devra aussitôt quitter le hameau pour dix années. La description de la nature est très précise, superbe même. Un roman qui donne sa voix à l’insoumission.
A la médiathèque
Coup de cœur 
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Chantal J. La Douceur de l’eau de Nathan Harris ;traduit de l’anglais (Etat-Unis) par Isabelle Chapman. Ed. Gallimard, 2024
Premier roman
A la fin de la guerre de sécession l’ esclavage est aboli. Néanmoins les propriétaires de plantations et habitants de la ville d’Old Ox (Géorgie) ont bien du mal a considérer et respecter ces hommes désormais libres. Prentiss et son frère Landry, à la recherche d’un emploi et d’un toit, rencontrent Georges Walker (un fermier voisin de leur ancienne plantation) et sa femme Isabelle, un couple bouleversé par l’annonce récente du décès de leur fils Caleb au combat. Embauchés par le fermier, des liens de confiance se tissent entre ces êtres fragiles. Si Prentiss et Landry se sentent en sécurité chez Georges, ils restent exposés à la colère et rancoeur des planteurs, qui ne souhaitent que le retour de l’ordre ancien…
Une écriture très cinématographique, où le suspense nous tient en haleine tout au long du livre. Un puissant roman, sur les prémices d'une liberté que l'on aurait tort de croire acquise par simple décret anti-esclavagiste.
A la médiathèque
Coup de cœur 


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Claudie : La petite bonne  de Bérénice Pichat .Ed. Les Avrils, 2024
Dans un huis clos fascinant, B.Pichat met en scène un estropié de la Grande Guerre et une petite bonne. Un roman à la narration débridée et poétique.
Tranchées de la Somme, 1916. " Soit tu tues, soit tu meurs..". Blaise, le musicien, aurait aimé y laisser sa peau.
"II est revenu/c'est vrai/mais quel retour/quand il se découvre mutilé/il meurt une deuxième fois/et ça dure/il continue à mourir/il n'en finit plus d'agoniser/peu à peu/tous les jours/il s'étiole sans fin "
Un chirurgien fougueux fera de lui son "chef d'oeuvre ", il le transformera en homme hybride, la gueule de travers, des pinces en place de mains, les jambes coupées. C'est sa femme qui l'accompagne en permanence, comme un sacerdoce, un jour, elle part rejoindre des amis à la campagne et confie son mari à la petite bonne.
Avec sa scansion légère, rapide, parfaitement rythmée, chaque personnage livre ses pensées à tour de rôle, 1re, 2e ou 3e personne, B.P met face à face deux estropiés de la vie, Blaise et la petite bonne et parvient à dire tout de l'humanité et de la lutte des classes.
C'est la rencontre de ces deux êtres qui d'abord, se méfient et se défient dans un mélange de dégoût et de fascination, puis, un jour, chacun osera montrer à l'autre ses blessures, celles de la guerre pour Blaise et celles des miséreux pour la jeune femme. B. Pichat parvient même à entourer cette relation de sensualité, pure coimme un rêve d'amour et ce, au travers de la musique. La fn redonnera place au réel et à la position sociale de chacun .
à la médiathèque
Coup de cœur 
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Didier. : Retour sur un départ manqué de Grégory Buchert. Joca Seria éd., 2024
Philippe Stella, un écrivain et professeur aux Beaux-Arts, se retrouve immobilisé, un matin devant chez lui, car sa Twingo refuse de démarrer. En attendant le garagiste, il s'occupe son temps comme il peut, fait le ménage dans la Twingo et laisse libre cours à ses pensées et à ses souvenirs, ses quarante ans d'écriture et de résidence dans ce village à quelques encablures du lac de Grand-Lieu.
Gregory Buchert a écrit ce texte à la suite d'une résidence d'auteur organisé par l'association l'Esprit du lieu, qui met en oeuvre des projets artistiques et culturels en lien avec les communes autour du lac de Grand-Lieu. À travers un court récit à la seconde personne du singulier (comme dans "Un Homme qui dort" (Georges Perec, 1967) Gregory Buchert dessine le portrait d'un lieu chargé d'écritures, une sorte de "tentative d'épuisement" perecqiuienne de Grand-Lieu, un clin d'oeil à ses prédécesseurs qui ont aussi témoigné de ce paysage.
à la médiathèque
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Isabelle : Sur l'île d' Elizabeth O’Connor; traduit de l’anglais par Claire Desserey. Ed. JC Lattès, 2024
Premier roman
En 1938, Manod, jeune fille de 18 ans, vit sur une très petite ile au large du Pays de Galles, habitée par quelques familles qui subsistent difficilement grâce à la pêche. Sur cette ile les habitants parlent le gallois, ils ont conservé beaucoup de traditions celtiques. Manod vit avec son père et sa petite soeur. Très bonne élève, elle parle l'anglais et rêve de devenir enseignante et de partir vivre sur le continent.
Alors que les rumeurs d'un risque de guerre se font de plus en plus fortes, une baleine s'échoue sur une plage. Deux jeunes d'ethnologues, un homme et une femme, arrivent pour étudier les comportements des iliens, leurs traditions... Ils embauchent Manod qui parle couramment l' anglais pour leur servir d'interprète. C'est l'occasion pour cette jeune fille d'en apprendre plus sur la vie sur le continent. Elle découvrira la cruauté des rapports sociaux qui s'apparentent plus à de la prédation.
Premier roman écrit avec finesse. L'auteur décrit avec beauté ces paysages, cette vie d'ilien. Ce roman dépeint la vitalité de Manod, son intelligence et la ténacité qu'elle va déployer pour s'affranchir de son sort sur l'ile. Lecture émouvante.
Coup de cœur 
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Isabelle : Badjens de Delphine Minoui. Ed. du Seuil, 2024
L'auteur décrit le formidable élan contre le sort des femmes sous l'écrasant pouvoir des mollahs, de son père de ses frères, au travers de la vie de cette jeune fille de 16 ans indocile et courageuse. Texte qui décrit avec brio les souffrances de la jeunesse d'aujourd'hui en Iran.
Texte très fort et émouvant.
à la médiathèque
Coup de cœur 
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Jacques Le voyage en Algérie : anthologie de voyageurs français dans l'Algérie coloniale 1830-1930 : introduction, chronologie, répertoire des voyageurs, glossaire, index de Franck Laurent. Ed. R Laffont, 2008
Résumé éditeur :
La prise d'Alger par les troupes du général de Bourmont en 1830 inaugure cent trente-deux ans de présence française sur l'autre rive de la Méditerranée. Elle marque également les débuts d'une abondante littérature coloniale autour de l'Algérie, qui est, d'une certaine façon, notre plus proche Orient. Nombreux sont ceux, journalistes, officiers, députés ou ministres, qui font le voyage et en reviennent séduits par la richesse des couleurs et des paysages. Des écrivains aussi traversent la mer pour découvrir le rivage algérien et ses ruines romaines, les plaines fertiles du Tell, les villages de Kabylie, les grands espaces sahariens, l'épure des dunes, les ciels étoilés et le réconfort des oasis. Gautier, Dumas, Fromentin, les Goncourt, Maupassant, Gide, Eberhardt et Montherlant, parmi bien d'autres auteurs méconnus ou oubliés, consacrent ainsi à l'Algérie des pages mémorables ou pittoresques. Mais un pays, c'est avant tout un peuple, et les écrivains-voyageurs le font vivre : d'abord le peuple algérien avec ses croyances, ses coutumes, ses modes de vie, ses mystères aussi, puis " un peuple neuf ", celui des Français d'Algérie. De tonalités diverses - épiques ou esthétiques, lyriques ou satiriques, fondées sur l'expérience aventureuse et sombre de la conquête ou sur les aléas balisés des premières expéditions touristiques -, toutes ces relations de voyage expriment l'impact émotionnel de ce pays, l'Algérie, sur ceux qui sont venus le découvrir et le raconter. Tous portent témoignage du fait colonial. Leurs propos, bien moins univoques qu'on ne l'imagine parfois, ne sauraient se résumer à l'expression d'une quelconque " voix de l'impérialisme ". Du débarquement de Sidi-Ferruch aux cérémonies du Centenaire, les textes, ordonnés selon le principe chronologique, retracent une histoire toujours passionnée, qui continue de faire battre les coeurs sur les deux rives de la Méditerranée.

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Madeleine. Jacaranda de Gaël Faye. Ed. Grasset, 2024
Milan est en classe de sixième quand le génocide des Tutsis est perpétré par les Hutus au Rwanda. De ce pays loin de sa vie à Versailles, il ne connaît que le nom et les images de massacres diffusées à la télévision. Sa mère, une Rwandaise installée depuis une vingtaine d'années en région parisienne, ne lui a jamais partagé son histoire. Mais la médiatisation du génocide suscite les interrogations du jeune garçon.
D'un premier voyage à l'adolescence à sa progressive intégration dans les rues de Kigali, Jacaranda suit la rencontre de Milan avec le Rwanda, sa famille, son histoire. Il lui faudra des années et de nombreux voyages et séjours pour découvrir le pays et en percer les silences.
Gaël Faye s’appuie sur quatre générations pour raconter cette histoire terrible du Rwanda, il explore les racines coloniales du génocide des Tutsis, remonte l’histoire politique, religieuse et s’intéresse à la difficile reconstruction du pays, aux traumatismes de la population, mais aussi à la volonté du dialogue et du pardon.
A la médiathèque
Coup de cœur 
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Roger Une Femme a disparu de Anne-Sophie Stefanini. Ed. Stock, 2024
Une écrivaine ayant vécu dix années d'une grande histoire d'amour au Cameroun avant de regagner la France est invitée à Yaoundé pour parler de son dernier livre qui narre l'histoire d'une Camerounaise disparue, comme tant d'autres, dans les geôles du régime. Tout au long de l'histoire, elle va être en quête de son amour passé. Elle va en faire la recherche par tous les moyens. Son récit sera ponctué par des odes à l'amour perdu. En fait elle vit une nostalgie obsessionnelle. Le journaliste qui la reçoit n'aura de cesse, de son côté, de connaître le destin de l'héroïne du roman. Des allers-retours entre la France et le Cameroun et la passion du journaliste feront avancer les recherches.
A la médiathèque
Coup de cœur