Présentation de la rentrée littéraire le 12 octobre à la médiathèque de Bouguenais
Sélection de Stéphanie de la librairie Coiffard
Stéphanie nous présente 15 romans sur les 459 de cette rentrée littéraire :
Les résumés proviennent en majorité de l'équipe Coiffard . Site Internet : https://www.librairiecoiffard.fr/
L'agrafe de Maryline Desbiolles. (Conseillé par la librairie Coiffard) C'est une voix qui dit "nous" qui nous raconte Emma Fulconis. Dans une petite ville des Alpes Maritimes, entre la mer, la montagne et le vent, Emma Fulconis a toujours galoper. On ne la connaissait que déboulant, courant, des petites ailes invisibles vissées aux tendons d'Achille. Mais il y eu l'accident et ce dernier a brisé sa course. Et il y a eu une phrase prononcée dont les mots sont venus réveiller une histoire familiale silencieuse. Dans ce très court texte, Emma Fulconis est un monde en soi; un paysage, un corps blessé. À travers elle, c'est aussi de l'histoire de l'Escarène et d'une histoire silencieuse de France dont il est question. Cependant dans ce silence, les mots ont leur importance et Maryline Desbiolles nous les offre comme un chant murmuré. Même contraint le corps peut danser, même empêchée, on peut être une femme en mouvement, Emma Fulconis en est la preuve, si vivante sous la plume de Maryline Desbiolles. |
Alors c'est bien de Clementine Mélois.(Conseillé par la librairie Coiffard) Tout commence avec du bleu, un bleu RAL 5002 fabriqué à la demande. Avec ce bleu, Clémentine Mélois a peint le cercueil de son papa et elle veut raconter l'histoire avant que le bleu ne s'efface ...
Alors, elle raconte.
L'amour de ses parents, la maison, le jardin et l'atelier où elle a grandi avec ses sœurs, entourées d'une maman professeure et d'un papa sculpteur. Une maison ouverte, colorée, dans laquelle on accepte toutes les idées, où on réalise les rêves d'enfants. Ce sont des souvenirs chamarrés, drôles, excentriques et plein d'amour. Mais c'est aussi la maladie qui s'installe, la mort qui fait son nid. Seulement, il se trouve que Bernard Mélois n'est pas effrayé par la mort, toute la famille prépare donc son enterrement avec lui. Alors ce nid funéraire, on peut parier que comme ce squelette de chat à l'intérieur duquel se trouvait un nid et qu'il avait découvert sur le bord du chemin, des oiseaux pourraient bien s'y s'installer et rendre le squelette ironiquement vivant.
"Alors c'est bien" est l'empreinte laissée par un amour immense et beaucoup de joie, une histoire bigarrée dans laquelle on se sent bien comme si le lecteur était invité à partager un repas avec cette sympathique famille Mélois ! |
Cabane d' Abel Quentin.(Conseillé par la librairie Coiffard) Tout commence par "le Rapport" et une note au lecteur prévenant que "le contenu du Rapport 21 est inspiré du Rapport "Les limites à la croissance de 1972" mais que tout le reste, et notamment la vie des auteurs du Rapport 21 "ont été inventés de toutes pièces".
Le 1er juillet 2007, les quatre auteurs de ce fameux "rapport 21" étaient encore en vie. À cette date, Paul Quérillot, contributeur de cette thèse rend visite à Mildred et Eugene Dundee qui vivent dans l'Utah et exploitent de manière raisonnée un élevage de porcs. Cela fait alors trente-cinq ans que leur fameux rapport est paru. Ces trois-là ne s'étaient revus qu'une fois depuis la publication. C'était à l'enterrement de leur mentor Daniel W. Stoddard, fondateur de la dynamique des systèmes. Paul Quérillot se pose encore la question de la raison de sa visite à ses anciens collaborateurs. Aucun d'entre eux n'a de nouvelles de Johannes Gudson, le quatrième étudiant ayant bûché avec eux pendant trois ans à l'Université de Berckley sur ce célèbre Rapport 21 dirigé par Stoddard.
Quand il fut publié en 1973 par ces jeunes scientifiques, il fit grand bruit. Il faut dire qu'il prévoyait un effondrement du monde au 21ème siècle si rien n'était mis en place pour ralentir la croissance industrielle et démographique. À l'époque, la promotion de ce texte fut portée exclusivement par le couple Dundee, ce que Paul Quérillot vécut très mal dans un premier temps mais qui semblât laisser complètement indifférent le très solitaire et mystérieux Johannes Gudson.
Dans un roman dense et non dénué d'un humour cynique, Abel Quentin construit avec précision les vies des Dundee et de Quérillot. Il décrit avec beaucoup de réalisme l'atmosphère des années 70, en laissant planer un grand mystère autour du quatrième auteur qui sera l'objet d'une enquête très bien amenée dans une deuxième partie. Un roman qui fait froid dans le dos ! Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
La danse des flamants roses de Yara El'Ghadben. (Conseillé par la librairie Coiffard) Sur les bords de la Mer Morte, l'eau s'est évaporée et le sel a ravagé les corps humains. La vallée infestée a été mise en quarantaine ; on a isolé les personnes contaminées derrière un mur mais la maladie du sel a continué de faire des ravages. "Arabe juif palestinien israélien bédouin soldat colon ouvrier touriste prisonnier, face au sel tous pour une fois égaux".
Et puis un jour, les flamants roses sont arrivés et tout naturellement se sont installés au milieu du sel dévoreur. Eux, vivaient, se reproduisaient, dansaient dans ce milieu hostile pour les humains. Alors les survivants ont quitté les ruines des stations balnéaires au sud de la Mer Morte pour rejoindre les grottes et les oasis cachés du Nord.
Ensemble ces hommes et ces femmes ont créé leur communauté et réinventé une vie. Et sous l'Arbre Vie, un enfant est né sous la protection d'un flamant. Il était le premier enfant de l'Après évaporation de la Mer Morte. Alef était son nom.
"Premier enfant du sel
Premier enfant flamant (...)
Première lettre de l'alphabet arabe et hébreu
Fils d'une botaniste palestinienne et d'un rabbin israélien"
C'est le temps de la vallée, poétique, animiste, où l'on découvre un phalanstère réinventé. Un monde dans lequel les survivants sont parfois envahis par le passé, mais qui résistent et élèvent la nouvelle génération à se fondre dans le vivant, quitte à se perdre.
Alef a vingt ans maintenant. Il aime Anath et s'occupe à son tour d'éduquer le plus jeunes, il remplace progressivement Hypatia qui leur a enseigné les racines communes des seize langues qu'ils maîtrisent.
Dans ce roman, cette fable si belle, lancée comme un cerf-volant, les passereaux chantent, les araignées murmurent, les flamants roses dansent, les histoires se racontent et s'écrivent mais le mur érigé autrefois est toujours là. Il s'effrite pourtant et on se doute qu'il est susceptible de cacher d'autres survivants. À moins que le danger ne vienne des entrailles de la Terre ?
Impossible de rester indifférent à cette utopie protégée par le rose des plumes des flamants! |
Le désastre de la maison des notables d' Amira Ghenim. (Conseillé par la librairie Coiffard) "Le désastre de la maison des notables" est le deuxième roman d'Amira Ghenim, mais le premier à être traduit en français depuis l'arabe. Remarquable traduction de Souad Labbize qui rappelle dans une notre introductive que "la Tunisie dans les années 30" connaît d'importantes tensions politiques et idéologiques : lutte pour l'indépendance face au colonialisme français, naissance de mouvements syndicaux, débats publics sur la question des femmes et leur rôle dans la société. Débats menés, entre autre par un certain Tahar Haddad que le lecteur retrouvera dans le roman puisqu'il est le fil conducteur du récit.
Le roman est parfaitement construit autour de dix voix que l'on entend tout à tour, parfois à des années de différence, pour nous raconter une nuit de décembre 1935 qui fit basculer la vie de deux familles de la haute bourgeoisie tunisienne : les Naifer et les Rassa.
C'est Hend, la petite dernière au bout de l'arbre généalogique de ces deux familles qui introduit et conclut ce récit polyphonique addictif.
Après elle, les bonnes, le beau-frère, la mère, la grand-mère etc de Lela Zbeida vont prendre la parole pour dévoiler petit à petit en quoi cette journée fut funeste et comment elle s'est conclue par plusieurs drames. Chaque point de vue apporte sa pierre à l'édifice de la Vérité pour ensuite la retirer, c'est donc une vérité bien fragile car selon l'endroit où se place le conteur la perspective du récit diffère et c'est une des grandes réussites de ce roman passionnant. Derrière de grandes histoires d'amours et des secrets bien gardés, ce sont aussi un pays et une époque qui sont dévoilées avec toutes leurs tensions et leurs contradictions.
Un grand roman sans aucun doute. Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
Faiël & les histoires du monde de Paolo Bellomo. (Conseillé par la librairie Coiffard) "Un matin d'il n'y a pas si longtemps, un même son retentit partout sur la surface de la Terre, faillit en déchirer déchirer l'atmosphère. Ce livre constitue les histoires qui menèrent à cela (...)" C'est ainsi que s'ouvre ce roman totalement envoûtant qui vous traverse comme une note parfaite. Paolo Bellomo a une langue incroyable et un talent de conteur incontestable.
Tout commence par la mort brutale par balle du père de Faïel et Nenelle, qui était aussi le mari de Sisine et le fils de Vitelarinze et Marisabède. Faïel, l'enfant, le fils, pleure et chante à l'unisson avec la communauté. Nénelle, dans son couffin, est trop petite pour chanter. Vitelarinze est envahi par une grande colère. Mausabède, elle, est influencée par les femmes langues de vipère et en veut à Sisinie de ne pas pleurer son mari. Ce sont, tour à tour, six histoires qui vont être racontées avec des personnages centraux qui diffèrent mais qui forment un tout pour nous conter les histoires du monde tandis que Faïel , sa mère et sa sœur, vont devoir fuir la communauté qui les rejette.
Paolo Bellomo invente un monde dans lequel les humains entrent à nouveau en osmose avec le vivant, un monde dans lequel cruauté et harmonie se côtoient, où le collectif reprend sens. En nous racontant des histoires de vie, sur les pas de Nénelle et Faïel, Paolo Bellomo fait entrer le lecteur dans une forêt profonde, une chênaie magique, dont il est difficile de ressortir. Entre fable politique et écologique, chant porté par un chœur parfois vibrant, parfois silencieux, ce premier roman, empreint de réalisme magique, est un objet littéraire non-identifié à ne rater sous aucun prétexte. Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
La femme habitée de Gioconda Belli (résumé Babelio) Années 1970. De retour en Amérique centrale après des études d’architecture en Europe, Lavinia, jeune femme issue d’une famille bourgeoise, découvre son pays natal agité par des bouleversements sociaux. De l’éveil politique au combat, sa rencontre avec Felipe, un révolutionnaire engagé dans la lutte clandestine contre la dictature, va la propulser dans le mouvement de libération du pays en même temps que dans la passion amoureuse.
Roman semi-autobiographique, La Femme habitée transporte les lecteurs dans un voyage palpitant au cœur des soubresauts d’un pays imaginaire à l’histoire bien réelle. Sous la plume virtuose de Gioconda Belli, émancipation féminine, combat pour la justice et histoire d’amour s’entremêlent pour dessiner le destin fascinant d’une femme déterminée à changer le monde.
« Sa poésie est une déclaration d'amour au Nicaragua, la plus belle qu'il m'ait été donné d'entendre. » Salman Rushdie
« Une des autrices les plus talentueuses d’Amérique centrale. Elle a un talent merveilleusement libre et original. » |
Les grandes patries étranges de Guillaume Sire. (Conseillé par la librairie Coiffard) Joseph est un petit garçon différent des autres qui expérimente toutes les matières qui l’entourent sans conscience du danger parce qu'il veut tout comprendre. Il est habité par quelque chose, il sent, il devine, il a une conscience aiguë de ce qui l'entoure. Seul Emmanuel, son père, l'apaise. Hélas la Grande Guerre va lui arracher ce père adoré qui lui avait pourtant promis "Je pars pour te protéger, je pars parce que je vous aime". Ni Joseph, ni sa mère Thérèse ne s'en remettront tout à fait.
Et puis un jour, Anima emménage au-dessus de chez eux. C'est son parfum que Joseph sent en premier, et puis son ombre, à peine entraperçue et déjà l'enfant sait qu'il ne veut faire qu'un avec cette fille.
Tous les deux sont habités par des fantômes et semblent conscients que leurs destins sont scellés par quelque chose de plus grand qu'eux.
Guillaume Sire excelle à dire cette enfance ; à raconter la magie, la terreur, l'amour, l'imagination qui envahissent le corps et le cœur d'Anima et Joseph. Anima, qui joue Schumann au piano et que Joseph écoute à travers les lattes du parquet, tout entier traversé par les notes. Mais la jeune fille est juive et va devoir fuir Toulouse. Un départ vécut comme un déchirement pour Joseph.
Et puis les années passent et une autre guerre se profile. Joseph n'a pas oublié Anima qu'il s'était juré de protéger et d'aimer pour toujours.
Ce roman est presque une fable tant la vie, et même les aventures de tous ces personnages (car Anima et Joseph ne sont pas seuls), nous sont racontés avec un mélange de fantaisie et de réalisme, un roman dans lequel rêves et cauchemars s'entremêlent, les ténèbres et l'amour s'embrassent et tous les sens sont en éveil ! Avec Guillaume Sire, les mots ont une odeur et deviennent matière, les sons et les silences sont des notes de musique, et l'on quitte à regret ces "Grandes patries étranges" envoûtantes. |
Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapi. (Conseillé par la librairie Coiffard) Mai 1980, à Genève, la petite Ilaria, 8 ans, fait le cochon pendu à la sortie de l'école en attendant sa sœur Ana. C'est une enfant docile, taciturne et plutôt maigrichonne qui est surprise de voir son père venir la chercher à la place de sa sœur. Désormais, il habite Turin et elle ne le voit plus qu'une fois par mois au restaurant "Chez Léon" avec sa mère et Ana.
Mais cette fois-ci, ce n'est pas 'Chez Léon' que son père l'emmène, c'est à Turin, puis à travers une errance d'hôtel en hôtel, de nuits dans la voiture, d'étapes chez des amis, dans une pension ou chez une grand-mère excentrique.
Le père d'Ilaria ne veut pas divorcer et a décidé de prendre sa fille en otage. Instable, habité par une grande colère, l'homme embarque son enfant en le privant brutalement de sa vie d'avant. Ilaria est aux aguets. Elle vivra parfois des moments heureux grâce à de belles rencontres mais il faudra toujours reprendre la route sans pouvoir ne serait-ce qu'entendre la voix de sa mère.
L'histoire de cette petite fille est terrible. Objet de manipulation dans des histoires d'adultes qui la dépassent, elle est tout à tour conciliante, effrayée et dans l'incompréhension. Mais Ilaria est aussi habitée par une grande force intérieure et le sous-titre "ou la conquête de la désobéissance" n'est pas là pour rien. Il va falloir que l'enfant se libère de l'emprise. Gabriella Zalapi nous raconte avec beaucoup de talent cette petite Ilaria, son ennui, sa solitude, son sens de l'observation. Une lecture qui touche en plein dans le cœur. Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
Mémoires sauvées de l'eau de Nina Leger. (Conseillé par la librairie Coiffard) Ce roman s'ouvre sur une phrase d'Elisée Reclus tirée d'"Histoire d'un ruisseau" - "La masse entière du fleuve n'est autre chose que l'ensemble des tous les ruisseaux, visibles ou invisibles, successivement engloutis". Elle est belle cette phrase. Elle est juste. Elle résonne. Elle parle de nous. "La masse entière de l'âme humaine n'est autre chose que l'ensemble de toutes les rencontres, importantes ou infimes, successivement absorbées" se met-on à penser.
On tourne la page, et nous voici projetés à Oroville, au nord de la Californie en 1848, le jour où l'homme y découvrit de l'or. Et déjà, il y a un ton, une structure de phrase. Au chapitre suivant, nous lisons un article de journal de l'époque, qui justifie sans détour la nécessité de détruire les Indiens par tous les moyens. Quelques pages plus loin, nous découvrons Théa qui enregistre un message vocal à sa grand-mère qu'elle nomme affectueusement Grande-Ourse. On est en septembre 2020, et Théa vient de quitter Oroville, ravagé par un feu géant. Elle part en pensant ne jamais revenir, comme elle pensait ne jamais rester à Oroville trois ans auparavant alors que la cité était engloutie par une inondation.
La construction narrative, parfaitement maîtrisée, s'articule ainsi, chapitre après chapitre, pour nous raconter progressivement l'histoire de la Californie, les ambitions démesurées de l'homme blanc, la méconnaissance et le mépris de ces gens à la fois pour la terre sur laquelle ils s’installaient mais aussi envers les peuples qui y vivaient. La grande Histoire rejoint l'histoire familiale de Théa qui n'est évidemment pas arrivée à Oroville par hasard.
Ce roman est passionnant, il interroge tellement de sujets actuels tout en restant très humain et lucide. Un immense coup de cœur. Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
L'oeil de la perdrix de Christian Astolfi. (Conseillé par la librairie Coiffard) Elle s'appelle Rose-Marie, mais tout le monde l'appelle Rose. Née au début du 20ème siècle dans un village corse, elle a débarqué à Toulon avec son mari Paul-Dominique et leurs trois enfants en 1924. Berger, il a vendu ses bêtes pour se faire embaucher à l'Arsenal. Les deux garçons de Rose sont grands maintenant ; ils sont partis. Et elle se souvient avec émerveillement, le ventre tordu, de sa fille Nonciade, jeune fille émancipée. Désormais Paul-Dominique est à la retraite et la vie tourne autour de la maison et des repas sans que rien ne soit partagé entre eux. Lui, semble avoir baissé les bras face au monde, plus rien ne le touche, comme si Rose et son entourage étaient invisibles à ses yeux.
Rose prend le large à sa façon, elle aime écouter des émissions musicales à la radio, elle sort des temps en temps écouter une opérette au théâtre de la ville, elle se promène aussi le long de la corniche. À chacune de ses sorties, elle voit le bidonville dressé sur son chemin, elle croise ces hommes et ces femmes qui ont l'air, comme elle lorsqu'elle a débarqué, de vouloir passé inaperçus.
Et puis un jour, en rentrant du marché, alors qu'elle longe les baraquements, Rose glisse et se tort la cheville. Farida la voit, vient à son secours, la ramène chez elle et la soigne.
Farida est algérienne. Elle vit dans le bidonville avec son mari et ses enfants. Timidement, des rendez-vous sont donnés, et progressivement une magnifique amitié naît entre les deux femmes.
Une amitié qui devient une force pour Rose qui découvre le pouvoir du collectif et de la solidarité entre femmes dans un contexte social et politique qui est celui des années 60, et donc de la guerre d'Algérie.
Le portrait de ces deux femmes est vraiment touchant. Rose nous émeut par sa sincérité, la droiture avec laquelle elle va se battre contre toute assignation tout en restant une femme de son époque, de son milieu et de son éducation. C'est avec douceur et dignité qu'elle ouvre les portes vers sa propre liberté d'être et de penser. Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
Parmi d'autres solitudes d' Yves harté. (Résumé Babelio) Journaliste célibataire d’une quarantaine d’années, le narrateur se rend dans la maison de son père qui vient de décéder et dont il n’avait plus de nouvelles depuis longtemps.
Alors qu’il trie ses affaires, il tombe sur un dossier qui comporte des textes de sa propre plume, écrits vingt ans plus tôt dans le cadre d’une commande de presse. Des portraits d’hommes et de femmes confrontés à la solitude, que, pour une raison mystérieuse, son père a précieusement gardés.
Les piliers de comptoir d’un café sans éclat, un sans domicile fixe qui a joué de malchance, un alcoolique qui vit encore chez sa mère, un homme transparent qui n’a jamais su retenir le regard d’une femme, une institutrice de maternelle qui collectionne les amants sans pouvoir tomber amoureuse, un vieux fermier enfin, qui illustre l’isolement agricole.
Tout en relisant ces portraits, le narrateur se remémore des moments avec son père et tente de comprendre ce qui les a éloignés l’un de l’autre.
D’une écriture délicate, à la sensibilité rehaussée de pudeur, Yves Harté rend ces êtres abandonnés absolument bouleversants. Il explore, avec une empathie contagieuse, le tabou de la solitude qui nous effraie et qui, pourtant, au fond, nous réunit tous. |
Terres promises de Bénédicte Dupré La Tour. (Conseillé par la librairie Coiffard) "Terres promises", c'est la terre des espoirs déçus, des illusions perdues. Une terre d'Amérique aux vertes plaxines et aux rivières regorgeant d'or qui s'achève dans la poussière d'une ville bâtie à la hâte autour d'un saloon et d'un bordel, d'hivers rudes et d'une nature hostile.
Une prostituée, un orpailleur, un ancien prêtre devenu bonimenteur, un indien habité par la colère, Bénédicte Dupré la Tour nous raconte cette Amérique à travers de grands chapitres et différentes voix qui sont comme des nouvelles, et qu'elle entrecoupe par la correspondance d'un jeune déserteur qui attend d'être pendu.
La construction est brillante car on retrouve dans chaque histoire un bout de vie de personnages déjà croisés. À travers leurs vies tragiques, on plonge dans une nature cruelle peuplée d'hommes et de femmes écrasés mais dont émerge toujours une forme d'humanité, malgré tout et parfois malgré eux. Tout l'imaginaire lié à la terre promise vient se heurter à la dureté de cette terre. c'est un chœur d'oubliés, d'invisibles, de petites gens qui nous touchent, nous révulsent parfois mais finissent toujours par nous emporter tant le récit est puissant et ces vies saisissantes. Un premier roman qui nous emmène loin à l'Ouest ! Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025 |
La vie meilleure d' Etienne Kern. (Résumé de Babelio) « Nous sommes la somme de nos amours. Et c’est la seule chose qui restera de nous. »
On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué.
Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué. La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination.
Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie. |
Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy. (Conseillé par la librairie Coiffard) « Au nord, il y a la raison qui étudie la pluie,
Qui déchiffre les éclairs
Au sud, Il y a la danse qui engendre la pluie,
Qui invente les éclairs »
Miguel Bonnefoy ouvre son livre avec cette citation du colombien William Ospina en incipit, et déjà le lecteur sait qu’il va voyager vers un sud lointain et mirifique. Tout commence et s’achève sur les marches d’une église à Maracaibo. À l’image de la Macondo colombienne de Garcia Marquez dans "Cent ans de solitude", la ville de Maracaibo est une synthèse de l’histoire vénézuélienne, traversée par les révolutions, les bouleversements économiques et politiques, elle est une épopée en soi emprunte de réalisme magique. C’est donc sur les marches de cette église de Maracaibo qu’Antonio Borjas Romero fut abandonné au troisième jour de sa vie. Recueilli par la muette et indigente Teresa, le jeune Antonio fit preuve très rapidement d’inventivité et d’obstination. Emporté par le rythme de la phrase, le lecteur, fasciné, découvre de le destin extraordinaire de ce « chico Callejero », ce gamin des rues et sa rencontre avec Ana Maria, celle qui ne voulait se marier qu’avec l’homme qui lui raconterait la plus belle histoire d’amour. Lire "Le rêve du jaguar", c’est se laisser emporter par cet ardent et inépuisable conteur qu’est Miguel Bonnefoy, c’est plonger dans mille histoires et on en redemander encore !
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