samedi 12 octobre 2024

Rentrée littéraire 2024

Présentation de la rentrée littéraire le 12 octobre à la médiathèque de Bouguenais

Sélection de Stéphanie de la librairie Coiffard 

Stéphanie nous présente 15 romans sur les 459 de cette rentrée littéraire :

Les résumés proviennent en majorité de l'équipe Coiffard .                                                Site Internet : https://www.librairiecoiffard.fr/

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L'agrafe de Maryline Desbiolles. (Conseillé par la librairie Coiffard)
C'est une voix qui dit "nous" qui nous raconte Emma Fulconis. Dans une petite ville des Alpes Maritimes, entre la mer, la montagne et le vent, Emma Fulconis a toujours galoper. On ne la connaissait que déboulant, courant, des petites ailes invisibles vissées aux tendons d'Achille. Mais il y eu l'accident et ce dernier a brisé sa course. Et il y a eu une phrase prononcée dont les mots sont venus réveiller une histoire familiale silencieuse. Dans ce très court texte, Emma Fulconis est un monde en soi; un paysage, un corps blessé. À travers elle, c'est aussi de l'histoire de l'Escarène et d'une histoire silencieuse de France dont il est question. Cependant dans ce silence, les mots ont leur importance et Maryline Desbiolles nous les offre comme un chant murmuré. Même contraint le corps peut danser, même empêchée, on peut être une femme en mouvement, Emma Fulconis en est la preuve, si vivante sous la plume de Maryline Desbiolles.

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Alors c'est bien de Clementine Mélois.(Conseillé par la librairie Coiffard)
Tout commence avec du bleu, un bleu RAL 5002 fabriqué à la demande. Avec ce bleu, Clémentine Mélois a peint le cercueil de son papa et elle veut raconter l'histoire avant que le bleu ne s'efface ... Alors, elle raconte. L'amour de ses parents, la maison, le jardin et l'atelier où elle a grandi avec ses sœurs, entourées d'une maman professeure et d'un papa sculpteur. Une maison ouverte, colorée, dans laquelle on accepte toutes les idées, où on réalise les rêves d'enfants. Ce sont des souvenirs chamarrés, drôles, excentriques et plein d'amour. Mais c'est aussi la maladie qui s'installe, la mort qui fait son nid. Seulement, il se trouve que Bernard Mélois n'est pas effrayé par la mort, toute la famille prépare donc son enterrement avec lui. Alors ce nid funéraire, on peut parier que comme ce squelette de chat à l'intérieur duquel se trouvait un nid et qu'il avait découvert sur le bord du chemin, des oiseaux pourraient bien s'y s'installer et rendre le squelette ironiquement vivant. "Alors c'est bien" est l'empreinte laissée par un amour immense et beaucoup de joie, une histoire bigarrée dans laquelle on se sent bien comme si le lecteur était invité à partager un repas avec cette sympathique famille Mélois !

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Cabane d' Abel Quentin.(Conseillé par la librairie Coiffard)
Tout commence par "le Rapport" et une note au lecteur prévenant que "le contenu du Rapport 21 est inspiré du Rapport "Les limites à la croissance de 1972" mais que tout le reste, et notamment la vie des auteurs du Rapport 21 "ont été inventés de toutes pièces". Le 1er juillet 2007, les quatre auteurs de ce fameux "rapport 21" étaient encore en vie. À cette date, Paul Quérillot, contributeur de cette thèse rend visite à Mildred et Eugene Dundee qui vivent dans l'Utah et exploitent de manière raisonnée un élevage de porcs. Cela fait alors trente-cinq ans que leur fameux rapport est paru. Ces trois-là ne s'étaient revus qu'une fois depuis la publication. C'était à l'enterrement de leur mentor Daniel W. Stoddard, fondateur de la dynamique des systèmes. Paul Quérillot se pose encore la question de la raison de sa visite à ses anciens collaborateurs. Aucun d'entre eux n'a de nouvelles de Johannes Gudson, le quatrième étudiant ayant bûché avec eux pendant trois ans à l'Université de Berckley sur ce célèbre Rapport 21 dirigé par Stoddard. Quand il fut publié en 1973 par ces jeunes scientifiques, il fit grand bruit. Il faut dire qu'il prévoyait un effondrement du monde au 21ème siècle si rien n'était mis en place pour ralentir la croissance industrielle et démographique. À l'époque, la promotion de ce texte fut portée exclusivement par le couple Dundee, ce que Paul Quérillot vécut très mal dans un premier temps mais qui semblât laisser complètement indifférent le très solitaire et mystérieux Johannes Gudson. Dans un roman dense et non dénué d'un humour cynique, Abel Quentin construit avec précision les vies des Dundee et de Quérillot. Il décrit avec beaucoup de réalisme l'atmosphère des années 70, en laissant planer un grand mystère autour du quatrième auteur qui sera l'objet d'une enquête très bien amenée dans une deuxième partie. Un roman qui fait froid dans le dos !
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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La danse des flamants roses de Yara El'Ghadben. (Conseillé par la librairie Coiffard)
Sur les bords de la Mer Morte, l'eau s'est évaporée et le sel a ravagé les corps humains. La vallée infestée a été mise en quarantaine ; on a isolé les personnes contaminées derrière un mur mais la maladie du sel a continué de faire des ravages. "Arabe juif palestinien israélien bédouin soldat colon ouvrier touriste prisonnier, face au sel tous pour une fois égaux". Et puis un jour, les flamants roses sont arrivés et tout naturellement se sont installés au milieu du sel dévoreur. Eux, vivaient, se reproduisaient, dansaient dans ce milieu hostile pour les humains. Alors les survivants ont quitté les ruines des stations balnéaires au sud de la Mer Morte pour rejoindre les grottes et les oasis cachés du Nord. Ensemble ces hommes et ces femmes ont créé leur communauté et réinventé une vie. Et sous l'Arbre Vie, un enfant est né sous la protection d'un flamant. Il était le premier enfant de l'Après évaporation de la Mer Morte. Alef était son nom. "Premier enfant du sel Premier enfant flamant (...) Première lettre de l'alphabet arabe et hébreu Fils d'une botaniste palestinienne et d'un rabbin israélien" C'est le temps de la vallée, poétique, animiste, où l'on découvre un phalanstère réinventé. Un monde dans lequel les survivants sont parfois envahis par le passé, mais qui résistent et élèvent la nouvelle génération à se fondre dans le vivant, quitte à se perdre. Alef a vingt ans maintenant. Il aime Anath et s'occupe à son tour d'éduquer le plus jeunes, il remplace progressivement Hypatia qui leur a enseigné les racines communes des seize langues qu'ils maîtrisent. Dans ce roman, cette fable si belle, lancée comme un cerf-volant, les passereaux chantent, les araignées murmurent, les flamants roses dansent, les histoires se racontent et s'écrivent mais le mur érigé autrefois est toujours là. Il s'effrite pourtant et on se doute qu'il est susceptible de cacher d'autres survivants. À moins que le danger ne vienne des entrailles de la Terre ? Impossible de rester indifférent à cette utopie protégée par le rose des plumes des flamants!
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Le désastre de la maison des notables d' Amira Ghenim. (Conseillé par la librairie Coiffard)
"Le désastre de la maison des notables" est le deuxième roman d'Amira Ghenim, mais le premier à être traduit en français depuis l'arabe. Remarquable traduction de Souad Labbize qui rappelle dans une notre introductive que "la Tunisie dans les années 30" connaît d'importantes tensions politiques et idéologiques : lutte pour l'indépendance face au colonialisme français, naissance de mouvements syndicaux, débats publics sur la question des femmes et leur rôle dans la société. Débats menés, entre autre par un certain Tahar Haddad que le lecteur retrouvera dans le roman puisqu'il est le fil conducteur du récit. Le roman est parfaitement construit autour de dix voix que l'on entend tout à tour, parfois à des années de différence, pour nous raconter une nuit de décembre 1935 qui fit basculer la vie de deux familles de la haute bourgeoisie tunisienne : les Naifer et les Rassa. C'est Hend, la petite dernière au bout de l'arbre généalogique de ces deux familles qui introduit et conclut ce récit polyphonique addictif. Après elle, les bonnes, le beau-frère, la mère, la grand-mère etc de Lela Zbeida vont prendre la parole pour dévoiler petit à petit en quoi cette journée fut funeste et comment elle s'est conclue par plusieurs drames. Chaque point de vue apporte sa pierre à l'édifice de la Vérité pour ensuite la retirer, c'est donc une vérité bien fragile car selon l'endroit où se place le conteur la perspective du récit diffère et c'est une des grandes réussites de ce roman passionnant. Derrière de grandes histoires d'amours et des secrets bien gardés, ce sont aussi un pays et une époque qui sont dévoilées avec toutes leurs tensions et leurs contradictions. Un grand roman sans aucun doute.
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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Faiël & les histoires du monde de Paolo Bellomo. (Conseillé par la librairie Coiffard)
"Un matin d'il n'y a pas si longtemps, un même son retentit partout sur la surface de la Terre, faillit en déchirer déchirer l'atmosphère. Ce livre constitue les histoires qui menèrent à cela (...)" C'est ainsi que s'ouvre ce roman totalement envoûtant qui vous traverse comme une note parfaite. Paolo Bellomo a une langue incroyable et un talent de conteur incontestable. Tout commence par la mort brutale par balle du père de Faïel et Nenelle, qui était aussi le mari de Sisine et le fils de Vitelarinze et Marisabède. Faïel, l'enfant, le fils, pleure et chante à l'unisson avec la communauté. Nénelle, dans son couffin, est trop petite pour chanter. Vitelarinze est envahi par une grande colère. Mausabède, elle, est influencée par les femmes langues de vipère et en veut à Sisinie de ne pas pleurer son mari. Ce sont, tour à tour, six histoires qui vont être racontées avec des personnages centraux qui diffèrent mais qui forment un tout pour nous conter les histoires du monde tandis que Faïel , sa mère et sa sœur, vont devoir fuir la communauté qui les rejette. Paolo Bellomo invente un monde dans lequel les humains entrent à nouveau en osmose avec le vivant, un monde dans lequel cruauté et harmonie se côtoient, où le collectif reprend sens. En nous racontant des histoires de vie, sur les pas de Nénelle et Faïel, Paolo Bellomo fait entrer le lecteur dans une forêt profonde, une chênaie magique, dont il est difficile de ressortir. Entre fable politique et écologique, chant porté par un chœur parfois vibrant, parfois silencieux, ce premier roman, empreint de réalisme magique, est un objet littéraire non-identifié à ne rater sous aucun prétexte.
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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La femme habitée de Gioconda Belli (résumé Babelio)
Années 1970. De retour en Amérique centrale après des études d’architecture en Europe, Lavinia, jeune femme issue d’une famille bourgeoise, découvre son pays natal agité par des bouleversements sociaux. De l’éveil politique au combat, sa rencontre avec Felipe, un révolutionnaire engagé dans la lutte clandestine contre la dictature, va la propulser dans le mouvement de libération du pays en même temps que dans la passion amoureuse. Roman semi-autobiographique, La Femme habitée transporte les lecteurs dans un voyage palpitant au cœur des soubresauts d’un pays imaginaire à l’histoire bien réelle. Sous la plume virtuose de Gioconda Belli, émancipation féminine, combat pour la justice et histoire d’amour s’entremêlent pour dessiner le destin fascinant d’une femme déterminée à changer le monde. « Sa poésie est une déclaration d'amour au Nicaragua, la plus belle qu'il m'ait été donné d'entendre. » Salman Rushdie « Une des autrices les plus talentueuses d’Amérique centrale. Elle a un talent merveilleusement libre et original. »

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Les grandes patries étranges de Guillaume Sire. (Conseillé par la librairie Coiffard)
Joseph est un petit garçon différent des autres qui expérimente toutes les matières qui l’entourent sans conscience du danger parce qu'il veut tout comprendre. Il est habité par quelque chose, il sent, il devine, il a une conscience aiguë de ce qui l'entoure. Seul Emmanuel, son père, l'apaise. Hélas la Grande Guerre va lui arracher ce père adoré qui lui avait pourtant promis "Je pars pour te protéger, je pars parce que je vous aime". Ni Joseph, ni sa mère Thérèse ne s'en remettront tout à fait. Et puis un jour, Anima emménage au-dessus de chez eux. C'est son parfum que Joseph sent en premier, et puis son ombre, à peine entraperçue et déjà l'enfant sait qu'il ne veut faire qu'un avec cette fille. Tous les deux sont habités par des fantômes et semblent conscients que leurs destins sont scellés par quelque chose de plus grand qu'eux. Guillaume Sire excelle à dire cette enfance ; à raconter la magie, la terreur, l'amour, l'imagination qui envahissent le corps et le cœur d'Anima et Joseph. Anima, qui joue Schumann au piano et que Joseph écoute à travers les lattes du parquet, tout entier traversé par les notes. Mais la jeune fille est juive et va devoir fuir Toulouse. Un départ vécut comme un déchirement pour Joseph. Et puis les années passent et une autre guerre se profile. Joseph n'a pas oublié Anima qu'il s'était juré de protéger et d'aimer pour toujours. Ce roman est presque une fable tant la vie, et même les aventures de tous ces personnages (car Anima et Joseph ne sont pas seuls), nous sont racontés avec un mélange de fantaisie et de réalisme, un roman dans lequel rêves et cauchemars s'entremêlent, les ténèbres et l'amour s'embrassent et tous les sens sont en éveil ! Avec Guillaume Sire, les mots ont une odeur et deviennent matière, les sons et les silences sont des notes de musique, et l'on quitte à regret ces "Grandes patries étranges" envoûtantes.
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Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapi. (Conseillé par la librairie Coiffard)
Mai 1980, à Genève, la petite Ilaria, 8 ans, fait le cochon pendu à la sortie de l'école en attendant sa sœur Ana. C'est une enfant docile, taciturne et plutôt maigrichonne qui est surprise de voir son père venir la chercher à la place de sa sœur. Désormais, il habite Turin et elle ne le voit plus qu'une fois par mois au restaurant "Chez Léon" avec sa mère et Ana. Mais cette fois-ci, ce n'est pas 'Chez Léon' que son père l'emmène, c'est à Turin, puis à travers une errance d'hôtel en hôtel, de nuits dans la voiture, d'étapes chez des amis, dans une pension ou chez une grand-mère excentrique. Le père d'Ilaria ne veut pas divorcer et a décidé de prendre sa fille en otage. Instable, habité par une grande colère, l'homme embarque son enfant en le privant brutalement de sa vie d'avant. Ilaria est aux aguets. Elle vivra parfois des moments heureux grâce à de belles rencontres mais il faudra toujours reprendre la route sans pouvoir ne serait-ce qu'entendre la voix de sa mère. L'histoire de cette petite fille est terrible. Objet de manipulation dans des histoires d'adultes qui la dépassent, elle est tout à tour conciliante, effrayée et dans l'incompréhension. Mais Ilaria est aussi habitée par une grande force intérieure et le sous-titre "ou la conquête de la désobéissance" n'est pas là pour rien. Il va falloir que l'enfant se libère de l'emprise. Gabriella Zalapi nous raconte avec beaucoup de talent cette petite Ilaria, son ennui, sa solitude, son sens de l'observation. Une lecture qui touche en plein dans le cœur.
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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Mémoires sauvées de l'eau de Nina Leger. (Conseillé par la librairie Coiffard)
Ce roman s'ouvre sur une phrase d'Elisée Reclus tirée d'"Histoire d'un ruisseau" - "La masse entière du fleuve n'est autre chose que l'ensemble des tous les ruisseaux, visibles ou invisibles, successivement engloutis". Elle est belle cette phrase. Elle est juste. Elle résonne. Elle parle de nous. "La masse entière de l'âme humaine n'est autre chose que l'ensemble de toutes les rencontres, importantes ou infimes, successivement absorbées" se met-on à penser. On tourne la page, et nous voici projetés à Oroville, au nord de la Californie en 1848, le jour où l'homme y découvrit de l'or. Et déjà, il y a un ton, une structure de phrase. Au chapitre suivant, nous lisons un article de journal de l'époque, qui justifie sans détour la nécessité de détruire les Indiens par tous les moyens. Quelques pages plus loin, nous découvrons Théa qui enregistre un message vocal à sa grand-mère qu'elle nomme affectueusement Grande-Ourse. On est en septembre 2020, et Théa vient de quitter Oroville, ravagé par un feu géant. Elle part en pensant ne jamais revenir, comme elle pensait ne jamais rester à Oroville trois ans auparavant alors que la cité était engloutie par une inondation. La construction narrative, parfaitement maîtrisée, s'articule ainsi, chapitre après chapitre, pour nous raconter progressivement l'histoire de la Californie, les ambitions démesurées de l'homme blanc, la méconnaissance et le mépris de ces gens à la fois pour la terre sur laquelle ils s’installaient mais aussi envers les peuples qui y vivaient. La grande Histoire rejoint l'histoire familiale de Théa qui n'est évidemment pas arrivée à Oroville par hasard. Ce roman est passionnant, il interroge tellement de sujets actuels tout en restant très humain et lucide. Un immense coup de cœur.
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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L'oeil de la perdrix de Christian Astolfi. (Conseillé par la librairie Coiffard)
Elle s'appelle Rose-Marie, mais tout le monde l'appelle Rose. Née au début du 20ème siècle dans un village corse, elle a débarqué à Toulon avec son mari Paul-Dominique et leurs trois enfants en 1924. Berger, il a vendu ses bêtes pour se faire embaucher à l'Arsenal. Les deux garçons de Rose sont grands maintenant ; ils sont partis. Et elle se souvient avec émerveillement, le ventre tordu, de sa fille Nonciade, jeune fille émancipée. Désormais Paul-Dominique est à la retraite et la vie tourne autour de la maison et des repas sans que rien ne soit partagé entre eux. Lui, semble avoir baissé les bras face au monde, plus rien ne le touche, comme si Rose et son entourage étaient invisibles à ses yeux. Rose prend le large à sa façon, elle aime écouter des émissions musicales à la radio, elle sort des temps en temps écouter une opérette au théâtre de la ville, elle se promène aussi le long de la corniche. À chacune de ses sorties, elle voit le bidonville dressé sur son chemin, elle croise ces hommes et ces femmes qui ont l'air, comme elle lorsqu'elle a débarqué, de vouloir passé inaperçus. Et puis un jour, en rentrant du marché, alors qu'elle longe les baraquements, Rose glisse et se tort la cheville. Farida la voit, vient à son secours, la ramène chez elle et la soigne. Farida est algérienne. Elle vit dans le bidonville avec son mari et ses enfants. Timidement, des rendez-vous sont donnés, et progressivement une magnifique amitié naît entre les deux femmes. Une amitié qui devient une force pour Rose qui découvre le pouvoir du collectif et de la solidarité entre femmes dans un contexte social et politique qui est celui des années 60, et donc de la guerre d'Algérie. Le portrait de ces deux femmes est vraiment touchant. Rose nous émeut par sa sincérité, la droiture avec laquelle elle va se battre contre toute assignation tout en restant une femme de son époque, de son milieu et de son éducation. C'est avec douceur et dignité qu'elle ouvre les portes vers sa propre liberté d'être et de penser.
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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Parmi d'autres solitudes d' Yves harté. (Résumé Babelio)
Journaliste célibataire d’une quarantaine d’années, le narrateur se rend dans la maison de son père qui vient de décéder et dont il n’avait plus de nouvelles depuis longtemps. Alors qu’il trie ses affaires, il tombe sur un dossier qui comporte des textes de sa propre plume, écrits vingt ans plus tôt dans le cadre d’une commande de presse. Des portraits d’hommes et de femmes confrontés à la solitude, que, pour une raison mystérieuse, son père a précieusement gardés. Les piliers de comptoir d’un café sans éclat, un sans domicile fixe qui a joué de malchance, un alcoolique qui vit encore chez sa mère, un homme transparent qui n’a jamais su retenir le regard d’une femme, une institutrice de maternelle qui collectionne les amants sans pouvoir tomber amoureuse, un vieux fermier enfin, qui illustre l’isolement agricole. Tout en relisant ces portraits, le narrateur se remémore des moments avec son père et tente de comprendre ce qui les a éloignés l’un de l’autre. D’une écriture délicate, à la sensibilité rehaussée de pudeur, Yves Harté rend ces êtres abandonnés absolument bouleversants. Il explore, avec une empathie contagieuse, le tabou de la solitude qui nous effraie et qui, pourtant, au fond, nous réunit tous.

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Terres promises de Bénédicte Dupré La Tour. (Conseillé par la librairie Coiffard)
"Terres promises", c'est la terre des espoirs déçus, des illusions perdues. Une terre d'Amérique aux vertes plaxines et aux rivières regorgeant d'or qui s'achève dans la poussière d'une ville bâtie à la hâte autour d'un saloon et d'un bordel, d'hivers rudes et d'une nature hostile. Une prostituée, un orpailleur, un ancien prêtre devenu bonimenteur, un indien habité par la colère, Bénédicte Dupré la Tour nous raconte cette Amérique à travers de grands chapitres et différentes voix qui sont comme des nouvelles, et qu'elle entrecoupe par la correspondance d'un jeune déserteur qui attend d'être pendu. La construction est brillante car on retrouve dans chaque histoire un bout de vie de personnages déjà croisés. À travers leurs vies tragiques, on plonge dans une nature cruelle peuplée d'hommes et de femmes écrasés mais dont émerge toujours une forme d'humanité, malgré tout et parfois malgré eux. Tout l'imaginaire lié à la terre promise vient se heurter à la dureté de cette terre. c'est un chœur d'oubliés, d'invisibles, de petites gens qui nous touchent, nous révulsent parfois mais finissent toujours par nous emporter tant le récit est puissant et ces vies saisissantes. Un premier roman qui nous emmène loin à l'Ouest !
Première sélection du Prix du roman Coiffard 2025
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La vie meilleure d' Etienne Kern. (Résumé de Babelio)
« Nous sommes la somme de nos amours. Et c’est la seule chose qui restera de nous. » On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué. Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué. La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination. Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie.

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Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy. (Conseillé par la librairie Coiffard)
« Au nord, il y a la raison qui étudie la pluie, Qui déchiffre les éclairs Au sud, Il y a la danse qui engendre la pluie, Qui invente les éclairs » Miguel Bonnefoy ouvre son livre avec cette citation du colombien William Ospina en incipit, et déjà le lecteur sait qu’il va voyager vers un sud lointain et mirifique. Tout commence et s’achève sur les marches d’une église à Maracaibo. À l’image de la Macondo colombienne de Garcia Marquez dans "Cent ans de solitude", la ville de Maracaibo est une synthèse de l’histoire vénézuélienne, traversée par les révolutions, les bouleversements économiques et politiques, elle est une épopée en soi emprunte de réalisme magique. C’est donc sur les marches de cette église de Maracaibo qu’Antonio Borjas Romero fut abandonné au troisième jour de sa vie. Recueilli par la muette et indigente Teresa, le jeune Antonio fit preuve très rapidement d’inventivité et d’obstination. Emporté par le rythme de la phrase, le lecteur, fasciné, découvre de le destin extraordinaire de ce « chico Callejero », ce gamin des rues et sa rencontre avec Ana Maria, celle qui ne voulait se marier qu’avec l’homme qui lui raconterait la plus belle histoire d’amour. Lire "Le rêve du jaguar", c’est se laisser emporter par cet ardent et inépuisable conteur qu’est Miguel Bonnefoy, c’est plonger dans mille histoires et on en redemander encore !

samedi 21 septembre 2024

Nos lectures de Septembre 2024

Présents : Nous étions 5 : Jacques, Daniel, Marie-Madeleine, Marie-Geneviève, Eric. 

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Jacques : Présentation d'un livre de la collection La Pléiade sur l'ensemble ses poètes du XVIème siècle . 
Nous connaissons les plus connus Joachim du Bellay « Heureux qui comme Ulysse... » et Ronsard « Mignonne, allons voir si la rose…. ». Pour Jacques, il s’agit d’un longue passion pour cette période historique ; il pratique ces poèmes et écrits depuis la fin de ses années collège.. C’est le moment où la langue française s’installe progressivement et durablement. Du Bellay publiera « Défense et illustration de la langue française ». Pour Jacques, un grand plaisir de lecture dans ce retour aux classiques. Toutefois, certains passages se révèlent un peu difficile à lire par l’utilisation « d’un français du XVIème ».


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Marie-Geneviève : Arbres de l'oubli de Nancy Huston
Jisèlle, la narratrice, hôtesse de l'air épouse Mark un beau commandant de bord, veuf et père de 3 enfants. 
Ils se marient, elle quitte son métier.C'est une belle histoire d'amour, mais Mark en tant que pilote est très souvent absent. 
Elle se retrouve de plus en plus fréquemment seule avec les 3 enfants et se sent plus nounou que la femme de Mark. 
Durant cette période, La grippe de Phoenix, contagieuse et mortelle, se développe très rapidement aux Etats Unis. Mark se retrouve bloqué en quarantaine en Allemagne. Les mois passent, 
C'est le début d'un changement radical de mode de vie. 
C’est l’histoire de Shayna, une jeune métisse mal dans sa peau, née d’une mère porteuse noire. Elle est tracassée par sa procréation, souffre de solitude et de racisme. L’ouvrage s’intéresse à l’histoire des noirs en Amérique. Les allers et retours de dates sont un peu désarçonnants, mais peu à peu cela s’éclaire avec notamment la découverte de l’histoire des grands-parents paternels surtout et maternels. Très beau roman qui retrace une bonne partie de l’histoire de l’Amérique : l’esclavage, le féminisme, les origines biologiques… Réserve : le père de Shayna est issu d’un famille juive, d’où l’emploi de nombreux mots hébreux que l’autrice n’a pas traduits, d’où une difficulté de compréhension fine dommageable.
à la médiathèque


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Marie-Geneviève : Les vivants au prix des morts de René Frégni 
Histoire écrite par un ancien jeune de banlieue qui a fait les 400 coups, de la prison et a exercé de nombreux métiers. Il se sert de son expérience pour parler dans ses livres du milieu de la drogue, du milieu carcéral .. Au début du roman, il vit heureux avec Isabelle dans l’arrière pays marseillais. Un jour arrive Kader qui vient de s’évader. Kader est, pour l’auteur, un ancien participant des ateliers d’écriture qu’il avait animé en prison. Kader demande de l’aide et voilà notre auteur précipité dans un périlleux engrenage : il y aura un meurtre, une fuite.. Récit agréable à lire
à la médiathèque


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Daniel : Monique s'évade  d' Edouard Louis. Récit de l’aide apportée par l’auteur à sa mère qui ne peut plus rester vivre avec son nouveau compagnon. Celui-ci l’insulte, l’humilie et est pris de boisson au quotidien. C’est l’accompagnement et le parcours d’une femme avec l’aide bénéfique de son fils qui lui offre un nouvel hébergement, fait jouer ses relations et pourvoit à ses besoins financiers pour se reconstruire dans une nouvelle vie. Grâce à lui, sa mère va retrouver sa liberté et être enfin libre. Un metteur en scène allemand va monter un spectacle sur la vie de cette femme. Pour assister à la pièce, elle prendra pour la première fois l’avion. Et surtout elle ressentira de la fierté à voir son parcours de vie restitué dans une œuvre artistique.
à la médiathèque



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Marie-Madeleine : Okavango de Caryl Ferey.
C’est la première fois que je lis cet auteur. C’est un thriller noir qui se passe à la frontière de plusieurs pays africains ( Namibie, Botswana, Zimbabwe, Zambie, Angola). Nous sommes plus particulièrement au coeur d’une réserve qui se situe près de la frontière namibienne. Les rangers sont chargés de préserver les grands fauves et de lutter activement contre le braconnage ( rhinocéros mutilés pour récupérer leurs cornes, pièges tendus aux girafes….) L’intrigue : un jeune homme est retrouvé mort au sein de la réserve. La ranger Solanah est chargée de l’enquête. Le propriétaire de la réserve se révèle être un personnage complexe : défenseur absolu du lieu de préservation que doit être la réserve ou manipulé, utilisé et corrompu par les marchés juteux (notamment asiatiques).Son assistant N/Kon est issu de la communauté des San ( peuple d’origine), il initie les riches touristes occidentaux à l’art du pistage, l’étude des déjections pour identifier le passage des animaux. Son peuple vit depuis toujours au plus près des animaux jusqu’à se fondre dans leurs attitudes et mouvements. Des animaux sauvages, il y en a beaucoup : éléphants, girafes, rhinocéros, mais aussi koudous, gnous, springboks…sans oublier les charognards comme les vautours à dos blanc. J’apprends beaucoup, notamment sur l’équilibre à toujours préserver entre les espèces vivant sur la réserve, qui amènent à en éliminer certaines en surnombre. Une prodigieuse évasion à la découverte d’une réalité complexe. Un grand plaisir de lecture. Ce polar est qualifié « d’un hymne à la beauté du monde sauvage et à l’urgence de le laisser vivre ».
à la médiathèque
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Marie-Madeleine : Une seconde vie de Dermot Bolger.
Un récit sensible d’un homme qui a su à l’âge de onze ans qu’il était un enfant adopté. Alors qu’il est un adulte, marié et père de deux jeunes enfants, il a un accident de voiture avec un bref moment de « mort clinique ». Pendant ce bref moment entre vie et mort, il a le cerveau traversé par des visages, des lieux qu’il n’arrive pas à appréhender. Une fois remis physiquement, il ressent l’urgence de rechercher les fils de l’histoire de sa naissance. C’est un coup de coeur : de la nécessité de connaître ses racines biologiques pour pouvoir vivre sereinement et transmettre la mémoire à ses enfants.
à la médiathèque

samedi 25 mai 2024

Nos lectures de Mai 2024

Présents : Roger et Chantal D, Jacques, Marie-Geneviève, Monique,  Isabelle, Didier, Bernadette, Claudie, Daniel, Marieannick.

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Marie-Geneviève : La faiseuse d'étoiles de Melissa Da Costa. 
Comment, à cinq ans, accepter que sa maman va partir pour toujours ? Clarisse, la maman d'Arthur, a beaucoup d'imagination, et par amour pour son fils, elle lui invente jour après jour une histoire merveilleuse en lui expliquant qu'elle part pour un très long voyage sur Uranus. Elle lui prépare des lettres qu'il recevra à chaque moment important de sa vie. 
Mais à 7 ans, Arthur comprend que sa mère est morte et que toute cette belle histoire n'était qu'un mensonge soutenu par toute sa famille. Il en souffrira beaucoup jusqu'au jour où il deviendra Papa à son tour. Là, il comprendra que ce mensonge n'était qu'un langage d'amour pour le protéger. Il brisera finalement le silence instauré avec son père. 
Mélissa Da Costa aborde avec beaucoup de justesse le thème difficile de la mort d'un parent. Faut-il cacher aux enfants la mort prochaine d'un parent ? Ou bien au contraire poser des mots sur la réalité ? C'est un roman bouleversant et plein de délicatesse qui m'a beaucoup émue.
à la médiathèque

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Isabelle : En un monde parfait de Laura Kasischke (2009) 
Jisèlle, la narratrice, hôtesse de l'air épouse Mark un beau commandant de bord, veuf et père de 3 enfants. 
Ils se marient, elle quitte son métier.C'est une belle histoire d'amour, mais Mark en tant que pilote est très souvent absent. 
Elle se retrouve de plus en plus fréquemment seule avec les 3 enfants et se sent plus nounou que la femme de Mark. 
Durant cette période, La grippe de Phoenix, contagieuse et mortelle, se développe très rapidement aux Etats Unis. Mark se retrouve bloqué en quarantaine en Allemagne. Les mois passent, 
C'est le début d'un changement radical de mode de vie. 
Roman écrit en 2009, bien avant la période du Covid. Au travers de cette apocalypse l'écrivain analyse ce qu'est un monde parfait. 
Très belle écriture, laura Kasischke peut faire surgir la terreur en décrivant des situations très difficiles, elle analyse finement les personnages.
à la médiathèque
Coup de cœur

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Roger : Baumgartner de Paul Auster 
Sy est septuagénaire et, depuis une dizaine d'années, vit seul après le décès brutal d'Anna qui avait partagé sa vie pendant quatre décennies de bonheur. Il repense à toute cette existence passée. Son enfance, sa jeunesse, sa rencontre avec Anna, son caractère particulièrement vif et ses immenses talents. Professeur d'université émérite il a participé au choix d'édition des magnifiques poésies écrites par Anna qui a beaucoup créé. Il a de nombreux échanges avec une jeune doctorante recommandée par un de ses amis. Elle veut faire une thèse sur l'œuvre littéraire de sa défunte femme. Très éloignés l'un de l'autre ils conviennent qu'elle vienne habiter sous son toit le temps de sa recherche. Bebe est pleine de qualités et a une personnalité bien assurée. Elle doit contourner Sy dans les soucis paternels qu'il lui manifeste, avant de prendre le volant pour le très long trajet qui les sépare...Plaisir de lecture.
à la médiathèque
Coup de cœur

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Chantal D. : La promesse de Marie de Lattre. C'est l'histoire d'un grand secret. Au début des année 40 deux couples se lient. Madeleine et Pierre, pas encore mariés, Frida et Kogan, juifs ayant un fils, Jacques. L'autrice est la fille de Jacques. Une confusion amoureuse va naître entre Frida et Pierre d'un côté et Madeleine et Kogan, de l'autre. Ces quatre personnages voulaient rester ensemble mais la menace d'une rafle conduit Frida à demander à Pierre de protéger leur enfant que Madeleine emmènera en Auvergne. Pour sauver Jacques, Pierre va l'adopter. L'enfant va changer de nom et il aura une enfance difficile, comme sa relation avec Pierre. Il racontera à sa fille son histoire et celle de ses quatre grands parents paternels.
à la médiathèque
Coup de cœur


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Chantal D : Enterrer la lune d'Andrée Poulin.
Coup de coeur des bibliothécaires.
Nous sommes dans un village rural indien, sans toilettes. Dans un champ, les femmes et les filles vont, toujours de nuit, faire leurs besoins. Il est le « champ de la honte », surtout à la pleine lune qui éclaire trop. Écrit comme une poésie, il s'agit là des pensées d'une petite fille qui veut « enterrer la lune » et qui mettra tout en œuvre pour la création de toilettes pour la communauté. Les illustrations sont magnifiques. Pour enfants 10-11 ans.
à la médiathèque
Coup de cœur
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Claudie : Le jour des caméléons de Ananda Devi. (Mauricienne)  
En 400 ans, l'île Maurice est devenue exsangue, l'esclavagisme, les colonisations, le démantèlement de ses ressources (faune et flore), ne reste que la vitrine touristique et les villas occupées 1mois/an par les riches et les blancs , derrière cette vitrine, une misère engendrant violences, perdition et "humanimalité" (Michel Surya). L'île est la narratrice de ce roman, implacable réquisitoire contre les servitudes et les logiques du monde moderne qui ont saccagé la terre des merveilles qu'était L'île Maurice 4 personnages principaux : Nandini, une femme, la cinquantaine, lasse de subir la tyrannie domestique que lui impose son mari, juge et décide de le quitter. René, un être "sans substance " qui fait face à "un vide terrifiant ",un homme envahi par un sentiment d'impuissance et de fatalité et dont la nièce, Sara, 10 ans, "le cœur de l'île " est le dernier lien qu'il a avec le monde et donne un sens à sa vie. Zigzig, le caïd de la cité qui "sait que la rage est plus puissante que n'importe quelle douleur "et se croit invincible. Ces 4 personnages vont se rencontrer en croisant la route de Zigzig alors qu'il vient de déclarer la guerre à ses rivaux. En un jour, l'île va connaître l'explosion et son anéantissement. Ananda Devi rend palpable la monstrueuse brutalité de ce qu'ils vont vivre et ce, sous le regard des caméléons qui ont "la patience des siècles et la mémoire des lieux "qui observent la déréliction des choses et sont " les héritiers des justes qui ont rêvé ce pays ". Démentant l'image paradisiaque et l'aura romantique que l'on donne de l'île à l'intention des touristes, elle stigmatise une société en pleine crise économique, qui ne fait rien pour donner espoir, une île gangrenée par la délinquance, la prostitution et les conflits communautaires , cette "sale histoire d'identité qui n'en finit pas de répandre ses braises et ses poisons " "Je suis devenue, dit l'île, une appétissante nourriture pour parasites ". Un entremêlement de d'échéance et de violence qui ne pouvait que la conduire à connaître des épisodes de folie meurtrière. Thriller social, fable, A.Devi regarde la vie en face, pointant toutes sortes de questions dont celle de la représentation que l'on peut avoir de certains êtres, qui, tout à coup surprennent dans leur changement de trajectoire, comme Zigzig, malfrat haï qui va connaître la rédemption. L'écriture est tranchante, à la fois sensorielle et poétique, les visions et les pensées des personnages s'entrecroisent, apportant plus de relief aux situations qui les forcent à se confronter à eux même. Un roman puissant et envoûtant.
à la médiathèque
Coup de cœur
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Mariannick : Que notre joie demeure de Kevin Lambert. Céline Wachowski est une architecte de renommée internationale partie de rien et devenu ultra riche au sommet de sa gloire professionnelle à l’aube de ses 70 ans . Extrêmement brillante dans son milieu, elle est convaincue d’apporter de la beauté au monde. Elle est choisie pour un projet ambitieux à Montréal et pour la 1ère fois il sera dans sa propre ville. Mais aussitôt fusent les critiques. On accuse Céline de favoriser la gentrification du quartier et de détruire le tissu social. De là va naitre une polémique et des menaces qui vont se transformer en violence. C’est la classe dominante que Kévin Lambert met en scène dans ce roman, des gens au sommet de leur discipline qui risque de perdre pied. Cette fiction se condense autour de 2 fêtes d’anniversaire dans lesquelles circulent et échangent des personnages décrit les uns à la suite des autres par l’auteur. Il nous plonge dans leur mode de vie dont nous sommes si éloignés. Le milieu de l’architecture est mis en avant on y apprend beaucoup sur la complexité de la réalisation d’un grand projet et aussi sur les répercutions qu’ils peuvent avoir en écartant les habitants des lieux choisis. Il y a dans ce roman inspiré par du vécu une critique de la société québécoise qui selon lui a tendance à oublier les plus démunis qui ont toujours plus de difficulté à se loger. L’écriture est d’un style époustouflant, elle est souple et fluide, on ne s’arrête pas de lire les longues descriptions, les phrases à n’en plus finir sans dialogue. Parfois l’impression de se retrouver en apnée. L’immersion de l’auteur dans le milieu des ultra riches fut l’occasion d’une étude sociologique finement décrite pour en faire un roman. Cette fresque de sentiments et de point de vue se heurtent sur la beauté et la nécessité des grands projets des bâtisseurs et sur les destructions qu’ils sèment J’ai en quelque sorte été fascinée par ce livre mais contente d’arriver au bout !
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Didier : L'himalaya breton de Nicolas Legendre
Les Ed. Du coin de la rue (Les Explorations bretonnes)
Connaissez-vous le Tuchenn Kador aussi appelé le Ménez Kador ? C'est l'un des dix-huit sommets que Nicolas Legendre a entrepris de gravir lors d'un road-trip de 1200 kilomètres dans la partie bretonne du Massif armoricain qu'il a nommé, non sans humour, l'Himalaya breton. Nicolas Legendre a été piqué "d'alpinisme breton" comme il dit à partir de 2008, et depuis il parcourt les courbes de niveau sur le terrain ou sur les cartes IGN. Véritable ode à la Bretagne de l'intérieur, celle préservée - en partie - du tourisme de masse et de l'aménagement du territoire, de cette Bretagne des sommets, Nicolas Legendre nous fait partager ses beautés, son passé, sa culture mais aussi sa lente transformation. Beau carnet de bord - illustré par Joëlle Bocel - où le reporter transcrit ses impressions, ses rencontres et des informations glanées sur le chemin, ce livre, facile d'accès, instructif et drôle, donnera envie à chacun d'aller à l'assaut de ces sommets, surtout un jour de crachin !!
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Jacques : Une guerre interminable de Jean-Clément Martin
La guerre de Vendée n’est pas encore finie. De 1793 à 1796 une guerre atroce l’a saignée à blanc et elle est devenue le symbole de l’opposition à la Révolution. Deux cents ans plus tard, dans la région, des monuments, des objets, des livres, mais surtout des associations, des luttes polémiques, et encore des usines, des écoles, nous parlent de cette guerre. Entre l’histoire et la légende, la région n’a pas choisi. Tout s’enchevêtre dans un foisonnement d’idées opposées, de croyances enracinées. A la veille de la commémoration du bicentenaire de la Révolution, alors que les mentalités collectives de notre pays vont sans doute trouver un nouvel équilibre, il fallait dresser le tableau du souvenir des guerres de Vendée dans nos années 1980. 24 illustrations.
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Daniel : L'amour et les forêts de Eric Reinhardt
Histoire d’un couple dont le mari se “découvre harceleur” en écoutant une émission radio sur le sujet. Bénédicte, sa femme, tente de le calmer lors d’une de ses crises ; elle comprend qu’elle est une victime de la maltraitance de son mari. Pour fuir ce climat familial, Bénédicte s’inscrit sur des sites de rencontres en vue de trouver une âme sœur ; après de nombreuses désillusions, elle rencontre un homme avec qui elle va vivre une belle histoire d’amour. La tension entre Benedicte et son mari devient insoutenable. L'histoire d’une femme emmurée dans une relation toxique, malsaine et qui se sent prisonnière d’un mari tortionnaire. La forêt est un lieu de tous les dangers ; Bénédicte s’y engouffre par envie de liberté.
à la médiathèque
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Bernadette : Les voleurs d'innocence de Sarai Walker
Dans les années 50, en Nouvelle Angleterre vit un couple dans une maison Victorienne, avec leurs 6 filles : Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris, et Hazel “Zélie”; toutes avec des prénoms de fleurs. Le Père, Chapel, a fait sa fortune en vendant des armes ; la mère, Mélinda, a subi son mariage et a sombré dans une psychose due à son histoire personnelle. Elle a l’esprit torturé, hantée par les fantômes qui prédit un terrible destin à ses filles qui souhaitent se marier. Aucune ne l’écoute sauf Iris qui ressent les angoisses de sa mère ; Aster, meurt le jour de ses noces ; et pourtant très affectées, Rosalind, Calla, Daphné et Zélie suivront le même destin. Pour survivre Iris, fuira la maison et le pays et changera de nom. Elle deviendra une peintre de renom au Nouveau Mexique. Mais le destin la rattrapera. Roman envoutant, passionnant et captivant de cette saga familiale où règnent mystères et terreurs ; les hommes y sont vus comme des menaces et à l’origine des problèmes. Ce “roman gothique” offre une palette de poésie, peinture, homosexualité, sororité, folie..
Coup de cœur



samedi 13 avril 2024

Nos lectures d'Avril 2024

Présents :  Isabelle, Didier, Robert, Marie-Madeleine, Bernadette, Roger et Chantal D, Claudie

Site de la médiathèque: https://www.facebook.com/mediatheque.bouguenais.44/

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Isabelle : Col rouge de Catherine Charrier. Ed. Calman LEVY .
Saga histoire .En juin 1861, François Claret épouse Berthe et, dès le lendemain quitte son village pour s’installer à Paris et devenir « Col Rouge » , soit commissionnaire de l’hôtel des ventes de DROUOT. Il va découvrir un lieu où s’échange aux enchères des œuvres d’art magnifiques. Cette saga familiale va traverser 150 ans d’histoire ( 1861 à 2010) et nous raconter l’histoire de l’ascension et de la chute de ces commissionnaires de l’hôtel des ventes dont les savoyards ont le monopole. Catherine Charrier nous raconte l’intimité de ce milieu mais aussi les intrigues qui se déroulent dans le monde de l’art. Très belle et intéressante saga où nous découvrons les dessous de l’hôtel Drouot et du monde de l’Art. Un très bon roman d’aventure et d’histoire.
Coup de cœur

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Didier : Aujourd'hui je déroge ! Je vais vous parler de 53 livres !! La maison d'édition nantaise "L'Oeil ébloui" lance une nouvelle collection : "Perec 53". Le projet est de publier 53 livres de 53 pages par 53 auteurs autour de Georges Perec. 
Derrière "L'Oeil ébloui" se cache Thierry Bodin-Hulin qui a créé la maison d'édition en 2013 pour publier des textes qui lui tenaient à coeur. Ce sont souvent des écrivains nantais (Françoise Moreau, Bernard Bretonnière, Eric Pessan, Cathie Barreau, Teodoro Gilabert...) et quelquefois illustré d'artistes locaux (Delphine Bretesché, Patricia Cartereau...). 
Depuis longtemps Thiery Bodin-Hulin est passionné, hanté, obnubilé par Georges Perec. Le titre de la collection vient du dernier roman inachevé de Perec, publié après sa mort "53 jours" (temps qu'a mis Stendhal pour écrire (dicter) la Chartreuse de Parme). 
Quatre titres sont déjà parus. Le premier est la transcription d'une émission sur France Culture réunissant Jacques Bens et Georges Perec sur les "50 choses qu'il ne faut tout de même pas oublier de faire avant de mourir". Le second est l'explication du projet par Thierry Bodin-Hulin, en 53 paragraphes. Le troisième est un texte de François Bon sur "Espèces d'espaces" et le quatrième est la contribution de l'atelier Yokna pour la police de caractères et l'habillage de la collection. C'est dans celui-ci qu'on apprend que la couverture est déterminée par la polygraphie du cavalier. 
Thierry Bodin-Hulin publiera 6 livres par an. Les prochains ouvrages à paraître seront écrits par Antonin Crenn, Claro et Anne Savelli. 
#Collection #Perec #ProjetFou
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Robert : Un bon jour pour mourir de Jim Harrison . Editeur : Robert Laffont et 10/18 .Date de parution : 1973 
Un jeune type du Michigan se retrouve en Floride pour pêcher et fuir son mariage raté. A part la pêche il boit, traîne dans les bars et ne sait que faire. Jusqu ‘au jour où il rencontre Tim, ancien militaire et sa copine Sylvia. Apprenant la construction d’un barrage sur le grand Canyon, les 2 lascars décident lors d’une beuverie d’aller le faire sauter. Ils quittent tous les trois la Floride pour un voyage vers l’ouest pour aller faire sauter le barrage. Motif : la multiplication des barrages empêche les truites de remonter pour se reproduire. Récit d’un road movie entre cuites à répétition, prise de stupéfiants, relation sentimentale complexe entre Tim et Sylvia qui se dégrade au fil des kilomètres alors que naît un attrait mutuel entre le narrateur et Sylvia. Le narrateur est celui qui a eu cette idée, en tant que pêcheur, mais au fil des kilomètres il en est de moins en moins convaincu. Mais pour Tim c’est devenu un objectif majeur. Un objectif qui tient les trois personnages paumés dans l’illusion de faire acte utile et d’avoir un sens à leur vie. Finalement devant la taille du barrage visé initialement, ils se rabattent sur un barrage plus modeste construit par un éleveur. Malgré son savoir-faire d’ancien militaire Tim est tué dans l’explosion du barrage. Les deux survivants sont abasourdis et perdus. Ce qui devait être un acte d’héroïsme passe inaperçu sauf pour le propriétaire et personne ne poursuit les deux survivants. Finalement le narrateur dans la dernière page retrouve un sens à sa vie en prenant en charge Sylvia qui est fortement traumatisée. Dés le début on comprend que le projet va mal tourner voire qu’il n’ira pas au à son terme. Le voyage d’un bout à l’autre des Etats-Unis est éprouvant entre hôtel minable, conduite à grande vitesse, prise de stupéfiants à haute dose pour Tim , relation difficile entre Tim et Sylvia., le livre décrit tous ces excès et ces dérives avec une certaine grandeur. L’auteur aborde la question du retour des soldats de la guerre du Viêt-Nam, la solitude;
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Bernadette : Sarah, Susanne et l'écrivain d'Eric Reinhardt. Ed. Gallimard 
Sarah a confié sa vie à un écrivain qu’elle admire afin qu’il en fasse un roman. Dans ce roman, Sarah s’appelle Susanne. Dans le chaos qu’elle ressent dans sa vie, son mari qui s’isole dans son bureau, elle s’aperçoit qu’il possède 75 % de leur domicile conjugal, elle lui demande de rééquilibrer les choses, pas de réaction, elle décide donc de vivre ailleurs quelques temps. Cette décision provoquera un enchaînement d’évènements.. L’intérêt réside dans ce lien entre l’écrivain et le personnage (le lecteur?), et le portrait de cette femme vue par elle et un écrivain.
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Chantal D : Le grand feu de Léonor de Recondo. En 1699, à Venise la peste décime la ville et beaucoup d'enfants y meurent. Une petite fille, Ilaria, est confiée par sa mère à «La Piéta», institution où les enfants des familles aisées sont placés pour apprendre la musique et le chant. À sept ans, elle ne verra sa famille qu'une fois par an, moments de détresse pour l'enfant qui sera contente de retrouver ensuite ses amies. Ses parents paient en confectionnant les tenues pour les concerts. Elle va apprendre le violon avec Vivaldi. Sa passion pour la musique lui en fait accepter toutes les obligations. Invitée par sa meilleure amie, Prudenza, elle rencontrera son frère aîné et ils vivront une grande passion. Elle passera des moments merveilleux dans les bras de Paolo qui va rentrer dans l'armée. Belle écriture, magique. Deux passions, Paolo et la musique, le Grand Feu!
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Claudie : Les pleurs du vent ( titre original ; Fûn: Je pense à) de Medoruma Shun. Littérature japonaise- Editions Zulam - 123p.  
Contexte: Okinawa, l'île martyre, annexée par le Japon ( l'empereur Hondo, en 1879), elle a été le lieu de la plus sanglante des batailles du Pacifique en 1945 (110 000 soldats japonais, 80 000 américains et autant de civils tués). Pourtant, même au Japon, on ne se souvient plus trop de cela; d'autant que l'armée japonaise, alors que leur défaite était inexorable, ordonna aux civils de se suicider par familles entières en se précipitant des falaises afin de ne pas tomber aux mains de l'ennemi (Kenzaburo Ohé a été poursuivi en justice par d'anciens officiers pour avoir raconté tout cela mais la cour suprême lui a donné raison en 2011) Après la défaite, un autre calvaire commença pour Okinawa, l'occupation américaine et la construction de bases militaires où étaient entreposées armes chimiques et nucléaires, Okinawa servait de bases arrières aux forces américaines en Corée et au Vietnam.(Des essais nucléaires ont été pratiqués sur l'île). Depuis la rétrocession au Japon, Okinawa vit sous une double subordination, Etats Unis et gouvernement central (En 2019, les 3/4 des 28 000 GI'S déployés au Japon le sont à Okinawa). Le romancier M.Shun est né en 1960 à Okinawa, militant actif contre les bases américaines, il nourrit son imaginaire des légendes et mythes locaux, imprégnés de chamanisme et tente de maintenir le souvenir. 
Le roman : Ces pleurs , ce sont ceux que l'on peut entendre du haut des falaises mitraillées, lorsque le vent pénètre par les orbites du crâne abandonné d'un soldat à l'orée d'un vieil ossuaire. "Dans le village où il était défendu de pointer du doigt un cimetière car cela risquait de porter malheur, il y avait des gens qui ne pouvaient pas même lever les yeux vers le crâne qui pleure, lequel, depuis les vestiges de l'ossuaire en plein air, continuaient à regarder la mer" Oubliée de la métropole, l'île vivait depuis des décennies avec ses superstitions jusqu'à ce qu'une équipe de TV débarque, avec à sa tête Fujii, un journaliste qui depuis des années réalise des reportages dans le monde entier sur la guerre. Son intention est claire, il veut filmer le crâne qui pleure et découvrir l'identité de celui-ci. Accueilli avec enthousiasme par les anciens du village qui voient là l'occasion de promouvoir leur île, Fujii va devoir faire face à Seikichi qui veut empêcher le tournage. Peu à peu, on comprend que ce n'est ni au nom de la tradition pour l'un, ni du journalisme pour l'autre que les deux vieillards s'affrontent. Chacun a ses secrets. Ecriture épurée et poétique, on passe d'une époque à une autre ou d'une scène à une autre sans transition. Laissons nous guider par une lecture continue qui gagne du coup en épaisseur entre le conte et les drames de l'Histoire.
Coup de cœur
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Roger : Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez. Léane est auteure de thrillers à succès. Elle se retrouve plongée dans cet univers qu'elle décrit dès le moment où sa fille, Sarah, est kidnappée et elle mène son enquête pendant plusieurs années tragiques, avec son mari. On est dans un scénario très complexe où on croisera un trio redoutable de prédateurs et d'assassins de plusieurs jeunes femmes. Le père de Sarah aura un destin funeste et hors du commun. Léane arrivera-t-elle à se sortir d'une situation quasi inextricable au bout de sa quête tourmentée? Intrigue noire.
à la médiathèque